La vie mouvementée (note sur l'hétérodoxie bataillienne) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Libres cahiers pour la psychanalyse Année : 2012

La vie mouvementée (note sur l'hétérodoxie bataillienne)

Résumé

Dialogue entre quelques composantes théoriques de Freud et Bataille. La recherche de stabilité du corps social ne peut se comprendre immédiatement comme un vœu de mort. C’est au contraire un appétit de vie que la mort ne devrait pouvoir attaquer. Régresser dans ses actes de propriétés, revenir à la propriété initiale où chacun peut rêver être maître de ses besoins et de sa destinée, c’est le propre de l’homogène. Cependant, cette stase n’est pas un appel à la néantisation, c’est plutôt une stase dynamico-statique : toujours plus et mieux produire, mais sans effort et sans mouvement, pour toujours jouir encore plus de soi. De ce point de vue, la canalisation de la tonicité liée à la productivité de la vie est nécessaire : les forces trop mouvementées doivent être contrôlées, embrigadées, envoyées hors du socius (c’est le programme déjà défini dans la Politeia de Platon). Que le désir/affect ne se réalise plus sous la rigueur ou la loi du désir apaisé, au plus proche de l’indifférenciation, qu’un investissement sur un objet, sur une zone du corps se fasse en dehors de l’institution du désir, et ce mouvement est enregistré comme un écart sismique : transgressif, asocial, pathologique. Le régime légitime se pense comme étant le sans-régime. Le régime alors, c’est le mouvementé, le désordre, c’est la sphère hétérogène devant être exclue. L’homogénéité est la sphère de l’apparente immobilité, l’hétérogénéité, c’est au contraire le mouvementé. Dans l’une joue la contrainte de répétition pulsionnelle : il lui faut revenir à un état antérieur, celui du temps d’avant la violence et de l’agression. Revenir au calme, au neutre, à l’indifférencié, à l’inertie de la vie inorganique. L’homogène est le mouvement même du retour, de la ritournelle. Chantant les hymnes qui circonscrivent les sphères de repli, les aires de protectionnisme, refusant d’écouter la voix criarde de l’activité menaçante des pulsions anarchiques de vie agissant aveuglément vers un point non encore atteint, inatteignable, dans un écoulement dont aucun port n’est le but. Il y a donc d'un côté le calme du discours (social), la patience du discours, et d l'autre la vie affectueuse mouvementée. Entre deux, une déliaison que l'on cache, et que Freud comme Bataille exhibent scandaleusement.
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Dates et versions

hal-04521695 , version 1 (26-03-2024)

Licence

Paternité

Identifiants

  • HAL Id : hal-04521695 , version 1

Citer

Vincent Vivès. La vie mouvementée (note sur l'hétérodoxie bataillienne). Libres cahiers pour la psychanalyse, 2012, Partir, revenir, Automne 2012 (N°26). ⟨hal-04521695⟩
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