La Corne de l’Afrique est une région d’importance stratégique avec laquelle l’Occident entretient des liens politiques, économiques et culturels de longue date. Dans l’histoire, la France y a déployé, aux côtés d’autres nations (Grande-Bretagne, Italie notamment), une politique d’influence, notamment en Somalie française. Des personnalités françaises emblématiques y ont laissé leur empreinte ; il n’est que de citer Arthur Rimbaud ou Henri de Monfreid. Prise dans son acception large (Ethiopie, Erythrée, Somalie, Djibouti, Soudan et Soudan du Sud), elle recoupe des réalités ethniques pour partie communes qui paraîssent lui donner une cohérence d’ensemble. Mais ces mêmes réalités ethniques ont été par le passé et restent à ce jour source de tensions voire de conflits ouverts. La Corne de l’Afrique se place au confluent du monde arabe, de l’Afrique centrale et de la partie orientale du Sahel. Elle commande entre autres l’accès à la Mer Rouge et au Canal de Suez. A ce titre, elle a une valeur stratégique unique et aiguisent les appétits des puissances extérieures. La Corne a de plus connu des évolutions importantes au cours des deux dernières décennies et se trouve de plus en plus marquée par une évolution de la dynamique régionale. Des accords de paix historiques et la mise en place de transitions démocratiques ont offert des espoirs et des opportunités. Toutefois, les conflits, souvent alimentés par des tensions ethniques, la lutte pour le pouvoir et les ressources naturelles, l’extrémisme violent, la concurrence au niveau international pour s’assurer des influences, exacerbent l’instabilité et la fragmentation de la Corne de l’Afrique à un moment où les engagements de la coopération multilatérale sont en diminution.