Fils et frère de médecin, Flaubert a interprété très tôt ses propres hallucinations en termes médico-psychologiques. Sa première grande œuvre de 1849 (inlassablement reprise jusqu’à sa publication en 1874) est centrée sur une nuit d’hallucinations religieuses (La Tentation de saint Antoine). Salammbô puis Trois contes (qui évoque trois moments de l’histoire du christianisme) font une place au mysticisme, aux hallucinations, et aux rêves religieux, dans des cultures diverses (punique, juive et romaine ou chrétienne). Dans le même temps, l’historien des religions, Alfred Maury (ancien étudiant en médecine), développe deux sortes d’explications pour comprendre les phénomènes merveilleux. La première est linguistique, dans Essai sur les Légendes pieuses du Moyen-Âge (1843) et la religion y est présentée comme une maladie du langage (avant la thèse célèbre de Max Müller) : les hommes ont fini par prendre au pied de la lettre des métaphores et des personnifications qu’ils avaient inventées pour expliquer des phénomènes cosmiques et météorologiques. La seconde est médico-psychologique dans ses articles (publiés dans la revue de la Société médico-psychologique) et dans son livre préfreudien, Le Sommeil et les rêves (1861). Flaubert a lu Maury avant de nouer des relations avec lui dans les années 1850. Cette communication abordait les conceptions communes de Flaubert et Maury sur le merveilleux, le mysticisme et l’hallucination religieuse à partir d’une étude des termes et métaphores dans des textes de nature différente (étude dans le cas de Maury, fiction dans le cas de Flaubert).