L'opération de diagnostic archéologique a été réalisée sur le prieuré de la commune de Chanceaux-sur-Choisille (Indre-et-Loire) entre fin juillet et début aout 2023 en amont du programme de restauration de l'édifice. Elle a porté sur le bâti et sur le sous-sol concernant une surface de 580 m2 divisée en deux bâtiments : le prieuré (bâtiment 1) et la maison Genty, (bâtiment 2), qui ferment respectivement à l'est et au nord une grande place, au centre du bourg, localisée au sommet d'un plateau, où se rencontrent les calcaires du plateau et les calcaires des lacs de Touraine. Le bâtiment 1 est orienté nord-est/sud-ouest et mesure 26 m de longueur sur 11 m de largeur. Le bâtiment 2 est orienté nord-ouest/sud-est et, mesure 13 m de long sur 7,5 m de large et s'inscrit dans l'espace compris entre le prieuré (à l'est) et l'église paroissiale Saint-Martin (à l'ouest). La présence du calcaire a été systématiquement constaté dans les trois sondages réalisés au sol, qui ont été réalisés manuellement et ont concerné exclusivement le rez-de-chaussée du bâtiment 1. Les sondages sur le bâti ont été réalisés à la main et avec un marteau burineur et concernaient le rez-de-chaussée du bâtiment 1 et 2 et le premier étage du bâtiment 1. Au moment de l'opération les deux bâtiments étaient libres de tout type d'intervention, rendant les salles totalement accessibles au rez-de-chaussée et au premier étage. L’altitude d’apparition des vestiges se situe à environ 0,40 m du niveau du sol actuel et la profondeur maximale examinée est de 1,20 m. Dans la salle 3 la stratigraphie se poursuive en profondeur, mais qu'il n'a pas été possible d'investiguer pour des raisons de logistique et de sécurité. L'opération a permis de mieux définir l'histoire des deux bâtiments en identifiant six périodes de construction allant de la fin du Xème siècle à la période contemporaine. Pour arriver à ces résultats, les données issues de la lecture stratigraphique des deux bâtiments et de l'analyse de la structure matérielle (murs, mortiers, charpente et céramiques) ont été croisées avec les données archéométriques (14C et dendrochronologie). La datation 14C de deux échantillons de mortier, l'un prélevé au rez-de-chaussée et l'autre au premier étage, a permis de confirmer la construction du prieuré entre le Xème siècle (990) et la première moitié du XIIème siècle (1152). La volumétrie d'origine ne change pas beaucoup par rapport à ce que l'on peut observer aujourd'hui. Il s'agit d'un bâtiment à deux niveaux, dont l'organisation interne devait comprendre de grandes salles sur chaque niveau. Celle du rez-de-chaussée, accessible par une grande entrée située sur le mur pignon sud, aurait pu être utilisé pour les activités agricoles. Le premier étage devait également être accessible à partir d'une ouverture située sur le mur pignon sud, et une autre ouverture était présente sur la partie nord du mur pignon ouest. Ce niveau était destiné à servir probablement de réfectoire. Au début du XVème siècle la charpente est remplacée à deux moments distincts : 1404 et 1405 et le premier logis est construit, dont les seules traces actuellement visibles se réduisent à des restes de peinture murale. La céramique nous donne d’indices, bien que faibles, sur les activités domestiques de cette période au rez-de-chaussée. Entre la fin du XVème et le début du XVIIème siècle, le prieuré fit l'objet d'importants travaux de reconstruction qui modifièrent sensiblement son projet initial. Les entrées sur le mur sud sont fermées et le principal axe de circulation se déplace vers le côté ouest. La reconstruction du bâtiment 2 est attribuée à la même époque, qui devait avoir à peu près la volumétrie que l'on peut observer aujourd'hui. Un peu plus tard (XVIIème - XVIIIème) le rez-de-chaussée des deux bâtiments subit une nouvelle subdivision en salles plus petites, dont les fonctions semblent être domestiques d'après le matériel céramique retrouvé et l'aménagement des salles. Cette fonction des salles doit être conservée au moins jusqu'au XIXème siècles, lorsque le prieuré a subi d'autres changements dans lesquelles deux pièces furent transformées en écuries, tandis que deux autres avaient une fonction domestique en lien avec le bâtiment 2.