Dans le paysage de la pensée sur l’urbain, l'architecte Paul Andreu occupe une position singulière. Précurseur sans être doctrinal, il se méfiait des théories, préférant s’appuyer sur ses expériences pour mûrir les questions du présent. En avance et à contretemps, il entre dans la modernité des années 1970 avec la création de Roissy 1, sa première œuvre et celle à laquelle il reviendra tout au long de sa vie, comme à la source. Ce moment inaugural et initiatique est le point de départ et de retour d’un chemin de crête qu’il ne cessera de parcourir, en dedans et en dehors, et que symbolise le « vide » central. En dedans : dans l’intériorité qui définit son habiter au monde. En dehors : dans l’extension d’un espace-temps qui lui fera penser le mouvement comme une phénoménologie. Cet article, publié dans le catalogue de la première exposition consacrée à l'oeuvre de Paul Andreu (Cité de l'architecture et du patrimoine, 2024) revient sur trois perspectives selon lesquelles se déploie la pensée urbaine de Paul Andreu: le temps comme matière de l'espace, La métropole comme projet, l'attachement au paysage.