« Dans ce coin du monde qu'est un village, il y a à peu près toute l'humanité. » -Jules Renard Au prisme d’une analyse de la distance –sous ses diverses acceptions rencontrées dont différentes communautés de migrants internationaux ont pu faire l’expérience, je m’intéresse aux relations, aux perceptions et aux pratiques de migrants étrangers villageois de Cadaqués, petite localité espagnole (env. 3000 habitants) géographiquement isolée, périphérique et au récent passé rural. Au gré de réalités locales observées, je propose une double relecture géographique du village global (Global Village, Marshall McLuhan, 1967) –notion originellement développée pour illustrer les effets de la globalisation en termes de communication sur l’organisation mondiale en un seul et même « village », renouant ainsi avec les idées de proximité et de communauté propres aux sociétés villageoises, et dont les grandes métropoles constituent jusqu’alors les point nodaux d’une économie d’archipel (Pierre Veltz, 1996). Je m’interroge d’une part sur la possibilité qu’un village soit, au même titre que certaines villes globales et/ou certains quartiers d’entre elles, vecteur de processus de mondialisation –notamment migratoire ; une intégration progressive de tous les espaces à l’économie d’archipel ainsi constitutifs du village global serait alors envisageable et une redéfinition des limites notamment spatiales de ces deux dernières notions, nécessaire. J’analyse certaines des dynamiques à l’œuvre de l’habiter et du vivre ensemble pour des communautés migrantes étrangères résidentes et propose alors une définition alternative du village global selon d’une part (1) la géographie relationnelle multi-scalaire de ces habitants villageois d’un temps et mobiles et d’autre part selon (2) des dynamiques de territorialisation relevant de la glocalisation, -entre uniformisation planétaire des modalités migratoires et des espaces productifs et persistance de caractéristiques du milieu environnant. Mon argumentaire repose sur l’analyse d’une cinquantaine d’entretiens semi-directifs et d’observations participantes réalisés selon une approche holistico-inductive auprès de différentes communautés migrantes étrangères résidentes de Cadaqués durant les étés 2012 et 2013. Les axes développés rejoignent une réflexion plus particulière sur les modalités de construction des mondes migrants et les rapports global-local et invitent plus généralement l’auditoire à s’interroger dans une relative mesure sur la complexité en sciences humaines et sociales.