Ce chapitre explore la diversité des conditions d'accessibilité aux différents itinéraires des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, et leur évolution dans le temps. La patrimonialisation des chemins n'a de sens que s'il est possible d'y accéder à intervalles réguliers, sur l'ensemble des tronçons, en faisant l'hypothèse que les utilisateurs privilégient les transports collectifs pour ce faire. Les portes d'entrée ou de sortie les plus pratiquées comme Le Puy, Conques, Vézelay ou Saint-Jean Pied de Port ne sont déjà pas logées à la même enseigne. Que dire des autres étapes, plus ou moins bien situées par rapport à des dessertes de moins en moins performantes (notamment en matière de transport ferroviaire), qu'il est en outre question de "rationaliser" une nouvelle fois (Spinetta, 2018) ? Notre hypothèse est que la qualité de desserte des différents points d'accès constitue un facteur important d'attractivité et de développement touristique, dans la mesure où il est bien établi que les sports de nature constituent une ressource territoriale pour le développement touristique (Schut, 2016 ; Mao, 2003). L'entrée et la sortie, plus que le simple passage, sont autant d'occasions de dépenses d'équipement, de ravitaillement, d'hébergement et de restauration qui profitent aux commerces et services locaux, et maintiennent un certain niveau d'activité. L'image de porte d'entrée est largement valorisable, pour peu que l'accès soit effectivement aisé et performant. De façon réciproque, le surcroît de flux généré par le tourisme pédestre est le bienvenu pour un réseau ferroviaire régional largement sous-fréquenté et trop tourné vers les seuls mouvements pendulaires domicile-travail ou domicile-études. Une nouvelle approche basée sur l'ensemble des besoins des territoires est susceptible de modifier le modèle économique des "petites lignes" (Dislaire et al., 2018), avec une saisonnalité accrue de l'offre. Les dessertes routières ne doivent pas être en reste, comme le démontre le cas très particulier de la ligne saisonnière Migratour entre Le Puy et Conques, établie en application de la Loi Macron de 2015 : la douzaine d'arrêts intermédiaires permet d'accéder de façon très fine à l'ensemble des étapes du GR 65 dans un secteur largement délaissé par les transports publics. Nous proposons donc un état des lieux des accès par itinéraire sur le territoire français, permettant d'aboutir à une première typologie fondée sur la qualité de service et sur sa consistance (fréquences, temps de parcours, connexions). Au-delà du cas des portes les plus pratiquées, nous tentons de déterminer des enjeux de développement pour d'autres territoires actuellement en marge qui pourraient jouer un rôle similaire en lien avec des tronçons actuellement moins parcourus.