La réhabilitation d'un hameau par une population néo-rurale : Étude de sa structure sociale et de son intégration locale
Résumé
Un hameau du Lot-et-Garonne a vu naître en son sein un projet de « retour à la terre » mené par une petite dizaine de familles originaires pour la plupart de centres urbains. L'idée originelle,
créer un «écovillage », consistait à faire revivre un petit village en réhabilitant son habitat, en
développant une agriculture biologique (en polyculture-élevage) et en mettant en place un
dispositif d'énergies éolienne et solaire. Valorisant l'esprit d'entraide, de mise en commun du
matériel et des savoir-faire, l'objectif était également de créer un lieu de convivialité et de
solidarité. A partir essentiellement d'entretiens menés au sein du hameau et dans ses alentours, l'analyse du discours montre nombre de dissonances entre les représentations enjolivées du milieu rural et la réalité de ses activités et de sa vie communautaire. Le départ contraint de certains habitants, l'échec partiel du projet collectif et les relations tendues avec l'environnement autochtone provoquent un durcissement des relations sociales au sein du hameau (contrôle social vis-à-vis des activités ésotériques, recentrage sur le projet agricole, etc). En définitive, l'analyse tend à montrer que le groupe a reproduit les éléments de sa structure sociale d'origine. En effet, les personnes les plus engagées (historiquement, financièrement et symboliquement) dans le projet auraient tendance à déterminer, de part leurs actes et les expressions de leurs représentations, la réalité de la vie du hameau et les places sociales des autres, ces derniers exprimant à leur tour le discours de leur nouvelle position sociale, dominée.