Réunir des cultures de conception : le compromis au coeur des objets
Résumé
Les organisations industrielles évoluent aujourd’hui dans un régime de problématisation intensive qui impose une accélération des stratégies de la conception. L’enjeu est de parvenir à une ambidextrie organisationnelle convoquant des pratiques de conception différentes à même de travailler sur des projets à grande échelle à partir de problèmes complexes où la combinaison des expertises impose une approche plurielle de la conception. Or, cette approche organisationnelle suppose une dimension communicationnelle qui peut représenter un défi dans certaines organisations encore peu structurées pour accueillir ce type de cohabitation. En effet, la présence de designers au sein de ces organisations induit des manières différentes de faire, de comprendre et de parler de la conception, susceptibles de perturber, de façon locale, les pratiques et, de façon plus générale, les savoirs circulants. Ce qui est alors rendu difficile, c’est la recherche d’un compromis, entendu ici comme une situation de négociation aboutissant à des concessions mutuelles dans le but d’atteindre l’aboutissement d’un projet commun. La cohabitation entre cultures de conception représente donc une situation de communication spécifique dont le but est l’explicitation d’une finalité commune (concevoir ensemble) et d’un propos collectif incarné dans l’achèvement d’un projet. Ces deux éléments, finalité et propos, sont alors fonction des identités en présence, influencées par les manières dont chacune des cultures amène les concepteurs à manipuler spécifiquement les objets, ou diagrammes, participant de l’activité de conception.