Si, à l’époque moderne, les décisions de béatification ou de canonisation désignaient clairement les restes susceptibles d’être offerts à la vénération des fidèles, leur caractère sacré pouvait cependant se révéler avant même toute procédure officielle. C’était en particulier le cas lorsque Dieu opérait des miracles qui manifestaient sa volonté de renverser les lois de nature gouvernant les cadavres des simples mortels. Ainsi le fait de découvrir intacts les restes d’un serviteur de Dieu mort en odeur de sainteté pouvait-il passer pour une preuve de sa sainteté. Pour autant l’incorruptiblité d’un corps n’avait de valeur aux yeux de l’Église que si la preuve irréfutable de son origine surnaturelle était apportée, d’où le souci des autorités ecclésiastiques de distinguer cette incorruptibilité des autres formes d’imputrescibilité. Si l’incorruptiblité était jugée miraculeuse, elle constituait un indice qui, à défaut d’emporter à lui seul la preuve de la sainteté, pouvait néanmoins faire avancer efficacement la cause d’un serviteur de Dieu, mais pour cela il lui fallait présenter certaines caractéristiques rappelées par le pape Benoît XIV dans son vaste traité sur le droit de la sainteté.