La nuit du 13 au 14 mars 2015, le cyclone Pam traversa l’archipel du Vanuatu de part en part. La puissance des vents enregistrés cette nuit-là fit de ce phénomène climatique le plus puissant jamais enregistré dans l’histoire du Pacifique Sud depuis les années 1980. La grande majorité des constructions de l’île de Tongoa furent affectées. Toutefois, si les dégâts matériels furent considérables, aucune victime humaine ne fut à déplorer, car durant la tempête, les villageois trouvèrent refuge au sein de leurs cuisines localement considérées comme des « canots de sauvetage ». La couverture médiatique du phénomène participa à l’arrivée d’organisations non gouvernementales (ONG) originaires du monde entier. À Tongoa, une ONG internationale initialement dédiée à la protection des enfants prit part à la réhabilitation des villages en distribuant des kits de reconstruction. À partir d’une enquête ethnographique conduite entre 2011 et 2018, ce chapitre entend explorer la façon dont l’aide fournie par cette ONG a contribué à générer de la confusion au sein de la communauté villageoise, dans un contexte où les catastrophes dites « naturelles » sont régulières et où les habitants ont appris à vivre avec au fil du temps et des événements vécus.