Le vocabulaire courant confond largement les acceptions graphiques, linguistiques et littéraires des processus d’écriture et cette confusion est augmentée, dans l’univers chrétien, par l’image de l’incarnation du Verbe dans l’Écriture. Cette association rappelle les analogies posées par E. Panofsky entre pensée et formes architecturales que R. Marichal a étendues à l’analyse à l’écriture. P. Bourdieu ensuite a intégré ces comparaisons paléographiques dans sa traduction Architecture gothique et pensée scolastique et dans sa notion d’habitus, elle-même revenue aux études médiévales par la forma mentis d’I. Illich. En accueillant les notions de fluidité et de granularité dans l’analyse des phénomènes culturels, cette contribution propose de ne pas réserver les mises en parallèles entre production graphique et « mentalité » aux grandes « Renaissances », mais de voir comment différents milieux rénovent l’écriture en même temps du point de vue graphique et du point de vue des intérêts littéraires. Ensuite, on rappelle séparément les actions cisterciennes en matière littéraire et paléographique pour ensuite discuter liens possibles entre architecture, décor des manuscrits et paléographie, ou plutôt calligraphie, dans la rénovation monastique des Cisterciens.