Apparus dans les années 1980 dans le monde anglo-saxon, les courants de pensée dits écoféministes sont à la fois théoriques et activistes. Ces mouvements de de femmes défendent des ressources naturelles, jardinent, luttent contre des pollutions environnementales ou des risques naturels et technologiques. Leurs positionnements alternatifs cherchent à perpétuer une nature ordinaire proche ainsi que la santé des humains (Larrère in Hache, 2016), dans un care environnemental (Blanc, 2021). La base spirituelle d’une partie de ces mouvements explique l’absence d’écho en France et a suscité de vives critiques de la part de philosophes anglophones dans les années 1990 : irrationalisme, essentialisme, traditionalisme. Ces spiritualités en lien avec l’écoféminisme sont diverses. Elles honorent la Terre et la vie, s’adressant directement aux éléments de nature. Créée dans les années 1950, la sorcellerie wicca se présente comme le retour de l’ancienne religion païenne occidentale. Les féminismes communautaires d’Amérique latine ravivent les chamanismes et le lien à la Pachamama (Ress, 2018). Vandana Shiva se réapproprie la philosophie hindouiste pour se déclarer écoféministe. Depuis les années 2010, l’écoféminisme revient, y compris en France : traduction des œuvres majeures, publications scientifiques et production éditoriale nébuleuse autour de l’animisme (Burgart-Goutal, 2020). Il s’agit d’explorer si ces écoféminismes présentent un intérêt mésologique alternatif pour une géographie environnementale du sacré. Quelle nature anime les spiritualités écoféministes et comment est-elle sacralisée ? Comment les spiritualités écoféministes guident-t-elles leur activisme ? Nous développerons l’analyse de l’œuvre de Starhawk, figure majeure importée par Isabelle Stengers. Sorcière wicca, activiste altermondialiste, elle relie le spirituel et le politique, articulant pensée magique et analyse géopolitique, rituels et action collective, contemplation et permaculture (Starhawk, 2015).