Exposition des Travailleurs agricoles aux produits phytosanitaires dans les pommeraies - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Exposition des Travailleurs agricoles aux produits phytosanitaires dans les pommeraies

Medouini Louisa
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1355726
François Laurent

Résumé

Après traitement par des produits de protections des plantes (PPP), un délai dit « délai de rentrée » doit être respecté, de 6 h à 48 h, pour pénétrer dans une parcelle traitée. Les TA considèrent souvent qu’il y a une absence d’exposition aux produits phytopharmaceutiques et y pénètrent, en général, sans équipements de protection individuelle. Nous avons déterminé l’exposition potentielle (résidus sur le végétal) et l’exposition réelle (résidus présents sur la peau et les vêtements) des TA dans des vergers de pommiers. La peau (mains et visages) des TA a été essuyée à l’aide compresses et les sous-vêtements et leurs vêtements de travail récupérés pour analyse. Les résidus délogeables sur la végétation (DFR) (feuilles et fruits) des mêmes parcelles ont été extraits. Ces résidus ont été analysés par GC-MS ou LC-MS. Une douzaine de PPP ont été identifiés dans les fruits récoltés en août dont 3,9 et 56 ng/cm², pour le captane et le dithianon respectivement. Pour le captan, 90% des résidus présents sont délogeables. Les taux retrouvés sur la végétation (fruits et feuilles) sont 3 fois plus élevées lors de l’éclaircissage que durant la récolte. L’exposition dermique potentiel (EDP) des mains après une journée d’éclaircissage, sans port de gants, calculée à partir des DFRfruit sont en moyenne de 0.016 mg/j/kg. Réglementairement, ces EDP sont calculées à partir des DFRfeuilles. Or ces derniers sont 25 fois plus élevés, soit des EDP de 0,4 mg//kg/j en moyenne. Ainsi l’exposition des TA sans EPI serait supérieure à l’AOEL du captane (Acceptable Operator Exposure Level, 0,25 mg/kg/j). Si nous considérons l’exposition dermique totale et pas seulement celle des mains, l’exposition est même 8 fois supérieure à l’AOEL. Les taux de résidus sur la peau, les sous-vêtements et les vêtements de travail montrent que toutes les parties du corps se retrouvent exposées aux produits phytopharmaceutiques. Les zones du corps les plus contaminées sont les avant-bras (7 µg/cm²), suivi des bras et du torse (environ 0,2 µg/cm²), le dos et les cuisses l’étant encore 10 fois moins. Curieusement les mains gauches sont 3 fois plus contaminées que les droites (48.5 et 17.5 µg/j, respectivement). Le visage est aussi contaminé, bien que plus faiblement (3 µg/j). Parmi les différentes phases de travail, l’éclaircissage est plus exposant que la récolte, correspondant à une contamination de la végétation plus élevée. Dans tous les cas, il y a une forte dispersion des valeurs, de plusieurs ordres de grandeur entre médianes et maximales (par ex. 1,4 et 439 103 ng/cm² respectivement pour les avant-bras, pour une même période). La contamination de l’ensemble des vêtements s’explique par un contact général du corps avec la végétation, les deux tâches nécessitant une intervention du TA au cœur du toupet de végétation, comme le montre l’analyse des postures de travail, les avant-bras étant les plus directement en contact avec celle-ci. Le fait surprenant que la main gauche soit plus contaminée que la main droite s’explique car, chez les droitiers (la majorité des TA), cette main sert à écarter la végétation pour accéder aux fruits, la droite servant à éclaircir ou à cueillir les fruits qui sont moins fortement contaminés. Ces mesures d’exposition et de contamination montrent que les vêtements assurent une bonne protection du TA au risque chimique des PPP, sans toutefois assurer une protection totale puisque la réduction de l’exposition n’est que de 90 à 95%. Une partie de la contamination passe par la peau non protégée mais aussi par les sous-vêtements, ceux-ci étant contaminés malgré les vêtements. De plus, en période de fortes chaleurs, éclaircissage (mai-juin) ou récolte d’été (juillet-août), le travail est souvent effectué par des TA ne portant pas d’EPI ou ouvrant régulièrement leur combinaison de travail, s’exposant ainsi à des valeurs de contamination très largement supérieures aux AOEL des PPP, essentiellement par un contact indirect avec la végétation. Malgré un plus faible taux de résidus délogeables sur la végétation, l’exposition totale durant la récolte tardive (octobre-novembre) peut quand même parfois représenter plus de 4 fois l’AOEL, dans laquelle l’exposition des mains représente jusqu’à 20% du total. Donc, même en cette période de plus faible contamination de la végétation, l’exposition du TA peut être importante et sous-estimée. Se pose alors la question de la refonte des mesures de prévention pour les travailleurs a priori les moins exposés sur une exploitation, ou d’une réévaluation de l’évaluation des PPP vis-à-vis de ces TA, notamment des pires cas d’exposition.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04472439 , version 1 (22-02-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04472439 , version 1

Citer

Sonia Grimbuhler, Medouini Louisa, François Laurent. Exposition des Travailleurs agricoles aux produits phytosanitaires dans les pommeraies. 50ème congrès du groupe français de la recherche sur les pesticides, université de namur, May 2022, Namur, Belgique. ⟨hal-04472439⟩
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