Origines du langage et hominisation dans la perspective du languaging
Résumé
The Origins of Language : Hominization and Languaging. By laying the foundations of the conception of language in terms of languaging, the enactive and autopoietic approaches open a new framework to understand the emergence of the linguistic phenomenon in relation with hominization. However, this approach has not been sufficiently explored in the research field addressing the "origins of language", with a few exceptions (Andresen, 2014). The Theory of Natural Drift (Maturana & Varela, 1994 ; Varela et al., 1993 ; Maturana & Mpdozis, 2000) and the Theory of Developmental Systems (Oyama et al., 2001) can provide the ideal background to rethink the ecological conditions of the phylogenetic trajectory, as well as the role of conduct in the conservation of coordination through languaging as the privileged domain of interactions. In order to show its innovative contributions, I will first address the most controversial aspects of current Neo-Darwinian models (genetic determinism and adaptationism) that feed many hypotheses within this field. I will then introduce some lines of thought about the phylogenetic process. In particular, I will address some aspects of the anatomical and neurobiological evolution (encephalization, speech and brachiomanual articulation) on one hand, and the relational and social factor of human living on the other hand.
En posant les bases d’une conception du langage fondée sur le languaging, l’approche énactive et autopoïétique ouvre un cadre d’intelligibilité pour appréhender l’apparition du phénomène langagier dans sa globalité, y compris dans sa relation avec l’hominisation. Pour l’heure, cette approche n’a pas été suffisamment explorée dans le domaine de recherche portant sur les « origines du langage » , à quelques exceptions près (Andresen, 2014). En effet, la « théorie de la dérive naturelle » (Maturana & Varela 1994 ; Varela et al., 1993 ; Maturana & Mpdozis 2000) et la théorie des « Systèmes développementaux » (Oyama et al., 2001) peuvent constituer l’arrière-plan idéal pour repenser les conditions écologiquement situées de la trajectoire phylogénétique, ainsi que le rôle réel de l’action organismique pour l’affirmation transgénérationnelle de la coordination par le languaging comme domaine privilégié des interactions. Afin d’en montrer les apports novateurs, nous traiterons d’abord les aspects les plus controversés des modèles néodarwiniens courants (perspectives génocentriques et adaptationnistes) qui informent de nombreuses hypothèses au sein de ce domaine d’études. Nous allons ensuite introduire une piste d’enquête phylogénétique, qui nous permettra d’examiner l’évolution anatomique et neurobiologique (notamment, l’encéphalisation et les corrélats périphériques impliqués dans l’articulation vocale et brachio-manuelle) d’une part, le facteur relationnel et social du vivre ensemble humain d’autre part.