Environnement et transfrontalier : pour une approche diachronique et multi-scalaire
Résumé
Session 5b : Frontières et environnement : temps, espaces, méthodes.
Devant l’ampleur et la complexité des crises écologiques contemporaines, le rôle que peut
jouer la recherche pour proposer un renouvellement des questionnements et des approches semble
particulièrement nécessaire. La géographie comme l’histoire sont des disciplines qui se sont emparé
de thématiques environnementales ; cependant, les associations entre ces deux disciplines sont
encore trop rares alors même qu’elles pourraient offrir des pistes fécondes pour questionner
autrement et/ou mieux comprendre les phénomènes étudiés.
Dans le cadre de cette communication à deux voix, nous aimerions interroger les liens entre temps,
espace et environnement à travers différentes situations de coopération environnementale
transfrontalière. Nous sommes deux doctorant.e.s en géographie et mobilisons dans nos recherches
une approche temporelle et spatiale pour l’étude de phénomènes transfrontaliers. Nous aimerions
ainsi proposer une communication permettant d’interroger doublement les liens entre frontières et
environnement : sur un plan théorique, mais également sur un plan disciplinaire et épistémologique.
Sur le plan théorique tout d’abord, nous allons nous intéresser à une approche environnementale des
frontières et du transfrontalier à travers différentes situations de coopération autour d’espaces et de
ressources transfrontalières. Puis, sur le plan disciplinaire et épistémologique, nous allons revenir sur
l’intérêt et l’apport de coupler analyses diachronique et multi-scalaire, autrement dit le temps de
l’histoire et l’espace de la géographie.
Leila Oulkebous développera le cas de fleuves transfrontaliers où les enjeux du partage de l’eau sont
plutôt marqués par des tensions du fait de la mise en place de grands barrages par des Etats en amont.
Dans son intervention, elle mettra en perspective le cas de deux barrages construits à des époques
différentes et dans des continents différents mais partageant des problématiques similaires : le
barrage éthiopien de la Renaissance sur le Nil, et le barrage indien de Farakka sur le Gange.
Hugo Mazzero développera le cas de la conservation transfrontalière à partir de l’exemple de plusieurs
parcs transfrontaliers en Europe (parc Mercantour Alpi-Maritimme) et en Afrique (parc du Grand
Limpopo). Il reviendra sur l’histoire plus générale de la conservation pour comprendre l’émergence
des politiques de conservation transfrontalière, puis s’interrogera sur les formes spatiales évolutives
qu’induisent ces politiques dans des contextes variés.
Nous interrogerons tour à tour l’articulation des temporalités entre le temps long du façonnement
d’un écosystème ou d’un fleuve, le temps historique de mise en place d’entités politiques délimitées
par des frontières, et un temps plus contemporain associé à des enjeux multiples liés aux changements globaux.