Childfreeisme au féminin : détraditionnalisation des formes familiales et conjugales - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2021

Childfreeisme au féminin : détraditionnalisation des formes familiales et conjugales

Résumé

Peu de comportements paraissent autant aller de soi que celui consistant à vouloir et à avoir des enfants ; le refus volontaire d’avoir des enfants, appelé childfreeisme ou infécondité volontaire selon l’Ined, concerne seulement 3.5% de la population française en âge de procréer en 2010. Toutefois, la mise à l’agenda médiatique et scientifique de ce phénomène démontre qu’il n’est plus aussi marginal que certains chercheurs (Debest, 2014) l’ont affirmé en l’analysant au prisme de la sociologie de la déviance par exemple. Dès lors, à partir de l’exploitation secondaire des données statistiques de l’enquête Fecond 2010 (Fécondité, contraception et dysfonctions sexuelles) ainsi que de neuf monographies de femmes volontairement sans enfant, nous avons souhaité étudier un childfreeisme au féminin, et plus précisément en prenant en compte le milieu d’origine de ces femmes et leur manière d’appréhender la vie conjugale. Nos résultats montrent une surreprésentation des femmes childfree célibataires et quand elles sont en couple, elles ont des conjugalités « atypiques » (relations polyamoureuses, couples décohabitants ou trouples) ; en somme, des conjugalités avec comme maitres mots l’indépendance et la liberté, et surtout à distance de la figure traditionnelle du couple hétérosexuel cohabitant. Pour ces femmes, une mise en couple cohabitant est consciemment ou non une source potentielle de pression à devenir mère. Elles opèrent une détraditionalisation des formes de conjugalité et plus encore des modes de faire famille. Philippe Ariès dès 1975 avait vu juste en parlant de « la fin du règne de l’enfant » et d’un nouveau « malthusianisme de nature hédonique » permettant « un meilleur épanouissement des individus et du couple, compromis par les enfants » . Si certaines femmes childfree ne désirent pas d’enfant, notamment du fait de la dépendance qu’induit l’arrivée d’un enfant dans une vie et des charges qui y sont associées, ces schèmes de pensées sont tout aussi applicables à une vie à deux afin de jouir d’une certaine indépendance si chère aux femmes childfree. En ce sens, les femmes childfree quittent sensiblement plus tôt le domicile familial que les femmes non childfree, et ce départ est plus précoce pour celles d’origine populaire ; on retrouve chez elles une volonté de « rompre avec l’ethos du foyer » familial mais aussi avec l’image traditionnaliste voire populaire du foyer comme monde intérieur et privé dédié aux femmes. Et cela est d’autant plus pertinent que ces femmes childfree d’origine populaire ont eu un « home climate » et une « expérience du soi enfant » peu valorisants avec de fortes inégalités pères/mères.

Mots clés

Domaines

Sociologie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04468468 , version 1 (20-02-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04468468 , version 1

Citer

Mélanie Bania. Childfreeisme au féminin : détraditionnalisation des formes familiales et conjugales. Changer - 9ème Congrès de l'Association Française de Sociologie, RT33, Jul 2021, Lille, France. ⟨hal-04468468⟩
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