Cet article explore les interactions entre « terrain » et outils théoriques à partir de l’étude d’un cas, celui d’une approche anthropologique de la transition nutritionnelle chez les adultes, en milieu rural, au Sénégal. Le terrain est ici défini à la fois comme un espace aux contours définis par le projet de recherche, d’où sont extraites les données étudiées, et comme une forme d’expérience de recherche, « faire du terrain ». Notre étude de cas mobilise un modèle théorique, celui de la transition nutritionnelle, qui a vocation à décrire, à l’échelle mondiale, l’imbrication de changements à la fois épidémiologiques et socio-économiques. À quelles conditions l’étude d’un terrain donné peut-elle s’appuyer sur ce type de modèle, qui est par essence généraliste et donc, dans une certaine mesure inadapté à la complexité de toute réalité située ?