Empreintes sol, énergie et carbone de l'alimentation. Partie 2. Empreintes des importations agricoles et alimentaires françaises - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2020

Empreintes sol, énergie et carbone de l'alimentation. Partie 2. Empreintes des importations agricoles et alimentaires françaises

Résumé

Les analyses menées dans cette étude ont mis l’accent sur les surfaces mobilisées pour l’alimentation de la population française, « l’empreinte sol », avec deux volets : -Une empreinte sol en fonction des parts de protéines animales vs végétales dans le régime alimentaire (Partie 1, voir le rapport correspondant) -L’empreinte sol et la localisation de la production des denrées alimentaires importées par la France (Partie 2, ce rapport). Nous avons cartographié l’origine des produits agricoles et agroalimentaires importés et évalué les surfaces agricoles nécessaires à leur production et les émissions de GES associées. Cette analyse porte sur les catégories de produits agricoles dont les importations représentent plus de 5% de l’offre disponible en France (production domestique + importations), soit au total 19 Mt de produits en équivalent brut. Les céréales, lait et produits laitiers notamment, ne sont pas inclus. Ces importations ne sont pas destinées seulement à l’alimentation des ménages français. Comme c’est le cas pour la production domestique, une partie peut être réexportée, utilisée comme carburant ou d’autres usages. L’alimentation animale (4,5 Mt), les fruits (4,4 Mt), les légumes et pommes de terre (4,4 Mt) figurent parmi les tonnages importés les plus élevés ; chacune de ces trois catégories représentant de l’ordre d’un quart des importations considérées dans cette étude. 3 Mt de tourteaux de soja sont importées ainsi que 0,8 Mt de tourteaux de tournesol (soit la moitié de l’offre de ce produit disponible en France). Les importations de jus d’agrumes sont également très élevées avec 1,9 Mt importées en équivalent fruit brut. Sur les 19 Mt de produits considérés dans cette étude, près de 50% sont d’origine européenne. La viande, les légumes, le sucre, les tourteaux de colza, les huiles de colza et d’olive, proviennent majoritairement d’Europe. Plus de la moitié des fruits dont les jus viennent de pays extra-européens, l’essentiel des tourteaux de tournesol, et sans surprise la quasi-totalité des tourteaux et graines de soja, huile de palme et stimulants (café, cacao, thé). La production de l’ensemble des importations considérées nécessite près de 12 Mha. Les importations de viande et de cacao mobilisent une part importante des surfaces agricoles, respectivement 4,8 Mha et 1,7 Mha. La production d’huiles occupe 2 Mha et les tourteaux 1,6 Mha. Les fruits et légumes mobilisent 0,7 Mha et le café près de 0,6 Mha. Les émissions de gaz à effet de serre à la production des denrées importées s’élèvent à 18,7 MtCO2eq. La production de viande importée pèse lourdement. Elle est à l’origine de 13,3 MtCO2eq, dont 7,1 pour la viande bovine. La viande représente ainsi 8% des importations en tonnes, 40% des surfaces mobilisées et 71% des émissions issues de la production des denrées importées. Il apparait clairement que pour la viande, l’enjeu principal en termes d’émissions porte bien sur les émissions à la production et les émissions liées au changement d’usage des sols, comme nous le verrons dans le point suivant, et relativement moins sur les transports. Par contre, pour les produits végétaux, les lieux de production, la demande de transport et le mode de transport vont peser fortement sur l’empreinte carbone totale du produit, relativement plus que les émissions liées à la production. En cohérence avec l’approche en terme d’empreinte retenue dans cette étude, les émissions de gaz à effet de serre liées à un changement d’usage des sols sont évaluées sur la base du remplacement de la végétation naturelle propre à chaque territoire par chaque type de production agricole. Cette végétation naturelle peut être récemment remplacée par la production du produit agricole considéré ou pourrait de nouveau se développer si les terres ne sont plus exploitées. Les surfaces agricoles européennes et extra-européennes sont ainsi traitées de manière similaire. Les coefficients par hectare et par tonne sont tout d’abord présentés par produit. L'huile de palme est associée à des émissions par hectare importantes, 70 tCO2/hectare, en raison d'un remplacement de forêt équatoriale et de tourbières. Les produits tropicaux, cacao et café par exemple sont autour de 30 tCO2/hectare car ils remplacent de la forêt tropicale humide. Le soja puis les produits tempérés sont associés à des valeurs plus faibles, vers 20 tCO2/hectare tandis que l'huile d'olive, cultivée sur des terres semi-arides est la plus basse autour de 10 tCO2/hectare. Les émissions annuelles de GES liées au changement d’usage des sols s’élèvent au total à 205 MtCO2eq soit dix fois plus que les émissions au stade de la production agricole . Les productions de viande de ruminants sont les plus émissives, plus de 100 tCO2eq par tonne de produit en raison des besoins importants de terre à la fois pour les pâtures et pour les concentrés. L'huile d'olive est également assez émissive (54 tCO2eq par tonne) du fait de taux d'extraction d'huile et des rendements faibles, et ce malgré des émissions par unité de surface relativement faibles. L'huile de palme, en revanche, grâce à un rendement très élevé compense plutôt bien les émissions par unité de surface très importantes (19 tCO2eq par tonne). Le coefficient d’émissions des fèves de cacao figure aussi parmi les plus élevés avec 50 tCO2eq par tonne. Globalement, les importations des produits traités dans cette étude proviennent pour 49% de pays extra-européens. Ces importations hors Europe mobilisent 6 Mha soit 52% des surfaces mobilisées totales. Un quart de ces surfaces totales sont en Amérique latine et 14% en Afrique. Du fait des coefficients par hectare plus élevés en zone tropicale par rapport aux zones tempérées, les émissions liées au changement d’usage des sols des produits d’origine extra-européenne pèsent de manière plus importante dans les émissions totales (56%) que le rapport des quantités (49%).
Fichier principal
Vignette du fichier
Barbier&al_Empreintes-sol-energie-et-carbone-des importations alimentaires françaises.pdf (8.84 Mo) Télécharger le fichier
Origine Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04455828 , version 1 (13-02-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04455828 , version 1

Citer

Carine Barbier, Christian Couturier, Patrice Dumas, Emmanuelle Kesse-Guyot, Ivan Pharabod. Empreintes sol, énergie et carbone de l'alimentation. Partie 2. Empreintes des importations agricoles et alimentaires françaises. Ademe. 2020. ⟨hal-04455828⟩
78 Consultations
22 Téléchargements

Partager

Gmail Mastodon Facebook X LinkedIn More