Témoigner sur et depuis #MeToo : entre réappropriation insurrectionnelle de la parole des victimes et cadrage limitant du discours
Résumé
This paper proposes to think about the insurrectionary possibilities and limits of testimonial discourses published on Twitter during and since #MeToo. To this end, I analyze two corpora of tweets: one comprising #MeToo-indexed testimonials and feminist discourses on the movement, the other comments on the defamation lawsuit between Johnny Depp and his ex-wife, Amber Heard, which took place in the spring of 2022. I show that #MeToo is a discourse with insurrectionary performativity, but framed in a limiting way. I thus question the observation of women's "liberation of speech", and analyze the paradigm shift operated since #MeToo: the Depp v. Heard trial retransmitted live and commented on Twitter allows me to present certain semio-discursive strategies for reducing the possibility of women's speech deployed on digital social networks.
Cette communication propose de penser les possibilités insurrectionnelles et les limites des discours testimoniaux publiés sur Twitter pendant et depuis #MeToo. J’analyse pour cela deux corpus de tweets : l’un comprenant des témoignages indexés #MeToo et des discours féministes sur le mouvement, l’autre des commentaires sur le procès en diffamation opposant Johnny Depp à son ex-femme, Amber Heard, qui s’est tenu au printemps 2022. Je montre que #MeToo est un discours à la performativité insurrectionnelle, mais cadré de façon limitante. J’interroge ainsi le constat de la « libération de la parole » des femmes, et analyse le changement de paradigme opéré depuis #MeToo : le procès Depp v. Heard retransmis en direct et commenté sur Twitter me permet de présenter certaines stratégies sémio-discursives permettant de réduire la possibilité de parole des femmes déployées sur les réseaux sociaux numériques.
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