En quoi la vision des corps morts des attentats (Paris, novembre 2015) participe-t-elle à une hominisation des spectateurs ?
Résumé
We hide death. French society tends more and more to conceal, if not to underestimate, the expressions of death and do as if death does not exist. Modern society has tried so hard to hide the dead body that the cruelty of its occurrence makes it all the more difficult to accept when one is confronted to it. In this sense, under the pretext of transparency, the recent bombings in Paris (November 13, 2015) was an opportunity for the public to be directly confronted with a concentration of deaths and direct raw images of death – without fictional filters or usual coffins. The prominent media coverage highlighted the ease of exposing victims’ bodies, living or dead. In this article, we will question the meaning given to this sight of dead bodies, the position to be adopted by the physician (and mainly, forensic practitioners) in this profusion of images, and the status, in our contemporary society, of the deceased's representation.
On cache la mort. La société française tend de plus en plus à dissimuler, sinon à minorer, les expressions de la mort et ce, comme si elle n’existait pas. La société a tant voulu camoufler ces corps morts que la cruauté de leur survenance nous les rend d’autant plus difficiles à accepter lorsque l’on y est confronté. En ce sens, sous prétexte de transparence, les récents attentats de Paris (du 13 novembre 2015) ont été l’occasion pour le grand public d’être confronté à une concentration de décès et d’images directes et crues – sans filtres fictionnels ou cercueils habituels–de la mort. La couverture médiatique de premier plan a mis en exergue cette facilité d’exposition du corps des victimes, vivantes ou décédées Dans cet article, on va s’interroger sur le sens donné à cette visibilité directe des corps morts, sur la position que doit adopter le médecin (a fortiori le médecin légiste) dans cette profusion d’images, et sur le statut, dans notre société contemporaine, de la représentation du défunt.