Au cours des dernières décennies, le développement de la vitesse et l'amélioration des conditions de déplacement ont entraîné des transformations socio-spatiales du territoire. Celles-ci se sont caractérisées par une croissance continue des villes, où les distances entre les habitations et les activités sont devenues beaucoup plus importantes. Les zones urbaines rurales ont accueilli de nouvelles populations à la recherche de logements plus abordables ou d'un cadre de vie moins urbain et plus naturel. Ces transformations spatiales ont conduit à d'importantes inégalités sociales d'accès aux aménités, que ce soit en termes d'accès à des modes de déplacement rapides, qui dépendent fortement des caractéristiques personnelles (Geurs, Van Wee, 2014) ou à des lieux de résidence disposant de bonnes aménités ou de services de transport public efficaces. Ces deux transformations spatiales des zones urbanisées et la valorisation sociale de la mobilité ont entraîné un besoin accru de se déplacer plus fréquemment, parfois plus loin et plus rapidement (Kaufmann, 2008). Ce processus de " dépendance à la mobilité " se traduit par deux formes de préjudices pour les groupes sociaux précaires : manque d'accessibilité pour ceux qui n'ont pas accès à la mobilité, ou coûts financiers importants, temps de déplacement difficiles et plus longs pour les personnes mobiles mais fortement contraintes dans leurs déplacements (Fol, Gallez, 2017). Avec l'urgence climatique, l'augmentation des prix de l'énergie et l'accroissement des inégalités sociales, l'accès aux aménités pour les personnes précaires devient plus difficile, notamment pour les personnes vivant dans des zones peu peuplées, moins bien desservies par les transports en commun, et souvent moins bien pourvues en services et commerces de proximité. Une réflexion sur un modèle de planification favorisant l'accès aux équipements tout en limitant les besoins de déplacement est nécessaire, notamment dans les régions rurales-urbaines. Dans cette communication, nous présenterons les résultats préliminaires d'un travail de thèse qui s'appuie sur la différences des points de vue des acteurs de l’aménagement et la vision des habitant.e.s, afin de montrer les écarts entre les principes urbano-centrés et les besoins de la population. Notre approche est basée sur différentes méthodes qualitatives : observations in-situ, entretiens semi-directifs avec des acteurs locaux et élus, des focus groups, entretiens semidirectives et parcours commentés avec les habitant.e.s. Nous nous appuyons sur deux études de cas qui renvoient à des environnements urbains contrastés et à des principes différents de coordination urbanisme-transport. Le premier cas d’étude est la commune de Creil, située en dehors de la région administrative de l'Ile de France mais juste à ses franges. Le deuxième cas est la petite ville de "La Roche-sur-Foron", située dans la périphérie française de Genève et desservie par le nouveau chemin de fer Léman Express (l'infrastructure transfrontalière franco-suisse.)