La gastronomie fait partie de ces notions frappées par le bon sens, tant il est facile de s’en faire une idée ou une image, mais qui ne baigne pas moins dans l’indéfinition dès qu’il s’agit d’en préciser la forme spécifique au cœur de l’alimentation. Sur quel plan se situer ? L’excellence des savoir-faire, des pratiques ? Les arts culinaires et les prouesses techniques ? Les manières et les rites de table, avec leur éthique, leur esthétique ? Pouvons-nous aussi concevoir la gastronomie plus près du quotidien , de l’ordinaire, des choses simples, sans rien sacrifier à la valeur des choses reconnues dans ce registre. Concevoir non seulement les belles et grandes tables comme gastronomiques mais potentiellement toutes les formes d’échanges alimentaires, du pique-nique dans la nature aux festins et banquets, de l’alimentation au travail aux moments de célébration familiale ou sociale ? Tant de nuances, de diversités, de degrés dans les façons de voir, de dire, de faire, ne profitent pas à une définition des plus simples ou directes pour la gastronomie. Mais c’est peut-être aussi le meilleur moyen d’en comprendre les ressorts et les ressources véritables, ce par quoi la gastronomie compte autant à travers le discours, la culture, l’imaginaire. Telle sera notre ligne de conduite et d’orientation dans notre parcours rapide à travers la notion de gastronomie, avec sa résonance si forte dans notre culture. D’abord nous donner quelques repères définitionnels et temporels ; comprendre la dynamique actuelle de pratrimonialisation de cette « passion française » (Dumas, 2008), notamment avec la création des Cités de la gastronomie ; avancer enfin dans une définition élargie de la gastronomie servie par tous ces niveaux de représentation, d’échelle bio et micro à macro et méta, ce que nous qualifions ici comme les niveaux figuratifs de la gastronomie.