The geomorphological impact of the construction of the "Séré de Rivières" fortified belt around Reims
L’impact géomorphologique de la construction de la ceinture fortifiée « Séré de Rivières » de Reims
Résumé
Reims is framed by a belt of 12 fortified works detached from the city, built between 1875 and 1885 after the Franco-Prussian War (1870-1871). It’s located in the second position of a defense system composed of more than 400 structures organized in 3 curtains ("Séré de Rivières" system). These structures are part of the first phase of construction of 234 forts, built ex nihilo from masonry materials (type 1874). They differ from the post-1886 fortifications established in the 1st line, concreted and armored in order to respond to progress in armament (torpedo shells, melinite). The purpose of this contribution is to study this construction phase in order to consider the morphogenic impact generated by the work carried out in situ (digging, leveling) and the use of geomaterials (extraction sites) of multiscalar origin. At the scale of the Reims site, the aim is to understand to what extent the soil and subsoil have been reworked, and how the geomorphological and geological characteristics condition the use of geomaterials, by relating the materials of the fortifications with geological availability. The study of geomaterials supply strategies involves identifying supply areas. It is also a question of adopting a typological approach linking the types of use with the lithological properties of the rocks, and of revealing the stereotomic characteristics of the stones used. To achieve this goal, an airborne LiDAR survey was acquired in 2015 over half of the fortified belt. The microtopographic data were processed and cross-referenced with field prospecting and archival sources (inventory of quarries, old maps), using a geographic information system (GIS). Surveys of facades are also carried out on the fort of Nogent-L'Abbesse for an identification of macro and microfacies. The morphogenic impact of the forts of Reims concerns the geomorphological setting of the sites concerned (mounds-witnesses, front mounds, reverse of cuesta). It is also expressed via the plural extraction sites, as they are located in perimeters ranging from the construction site to the extraregional scale (more than 100 km). The blue limestones of the Ardennes (Devonian), the oolitic limestones of the Meuse (Oxfordian), the millstones of Brie, the coarse limestone of the Lutetian, the calcarenites of the Thanetian are used together in the form of rubble, cut stone or cobblestone. Their use is associated with the materials necessary for the manufacture of mortars and architectural terracotta (limestone, sand and clay). This great diversity of geomaterials stems from the many architectural uses (basement footings, elevation, framing, coping), themselves partially subservient to the petrographic characteristics of the rocks. If the construction of the forts was incontestably morphogenic by creating polemoforms, it must be relativized by their heterogeneous trajectories for 150 years. Their integration into the defense networks of the Great War, the reuse of geomaterials for post-conflict reconstruction, their multiple reconversions (memorial tourism, wine tourism, wine storage), but also their disaffection have reduced their morphological imprint.
Reims est encadrée par une ceinture de 12 ouvrages fortifiés détachés de la ville (7 forts et 5 ouvrages annexes), construits entre 1875 et 1885 après la guerre franco-prussienne (1870-1871). Elle se situe dans la seconde position d’un système de défense composé de plus de 400 ouvrages organisés en 3 lignes (système Séré de Rivières). Ces ouvrages s’intègrent dans la 1re tranche de construction de 234 forts, construits ex nihilo à partir de matériaux maçonnés (type 1874). Ils se différencient des ouvrages fortifiés post-1886 implantés en 1re ligne, bétonnés et cuirassés afin de répondre aux progrès de l’armement (obus-torpille, mélinite). L’objet de cette contribution est d’étudier cette phase de construction afin de considérer l’impact morphogène généré par les travaux réalisés in situ (creusement, nivellement), et l’emploi de géomatériaux (sites d’extraction) d’origine multiscalaire. À l’échelle du site de Reims, il s’agit de comprendre dans quelle mesure le sol et le sous-sol ont été remaniés, et comment les caractéristiques géomorphologiques et géologiques conditionnent l’utilisation des géomatériaux, en mettant en relation les matériaux des forts avec la disponibilité géologique. L’étude des stratégies d’approvisionnement en géomatériaux implique de repérer les aires d’approvisionnement. Il s’agit également d’adopter une approche typologique mettant en relation les types d’usage avec les propriétés lithologiques des roches, et de révéler les caractéristiques stéréotomiques des pierres employées. Pour atteindre cet objectif, un relevé LiDAR aéroporté a été acquis en 2015 sur la moitié de la ceinture fortifiée. Les données microtopographiques ont été traitées et croisées à de la prospection de terrain et à des sources archivistiques (inventaire de carrières, plans anciens), sous système d’information géographique (SIG). Des relevés de façades sont également réalisés sur le fort de Nogent-L’Abbesse pour une identification des macro et microfaciès. L’impact morphogène des forts de Reims concerne le cadre géomorphologique des sites concernés (buttes-témoins, avant buttes, revers de cuesta). Il s’exprime également via les sites d’extraction pluriels, car situés dans des périmètres allant du site de construction à l’échelle extrarégionale (plus de 100 km). Les calcaires bleus des Ardennes (Dévonien), les calcaires oolithiques de Meuse (Oxfordien), les meulières de Brie, le Calcaire grossier du Lutétien, les calcarénites du Thanétien sont utilisés conjointement sous forme de moellons, de pierre de taille ou de pavé. Leur emploi est associé aux matériaux nécessaires à la fabrication des mortiers et des terres cuites architecturales (calcaires à chaux, sables et argiles). Cette grande diversité des géomatériaux découle des nombreux usages architecturaux (soubassement, élévation, encadrement, couverture), eux-mêmes partiellement inféodés aux caractéristiques pétrographiques des roches. Si la construction des forts a été incontestablement morphogène en créant des polémoformes, elle doit être relativisée par leurs trajectoires hétérogènes depuis 150 ans. Leur intégration dans les réseaux de défense de la Grande Guerre, le remploi des géomatériaux pour la reconstruction post-conflit, leurs reconversions plurielles (tourisme mémoriel, œnotourisme, stockage viticole), mais aussi leur désaffection ont atténué leur empreinte morphologique.