Après la défaite de 1870, la France se dote d’un système défensif de plusieurs centaines d’ouvrages organisés en trois lignes défensives (système « Séré de Rivières »). L’obsolescence du dispositif, engendré par la crise de l’obus torpille (1885-1886), implique une gestion contrastée entre les fortifications de 1ère ligne, bétonnées et cuirassées, et celles de 2ème ligne. Ces dernières, à l’image de la ceinture fortifiée de Reims (7 forts et 5 ouvrages), sont déclassées à la veille de la Grande Guerre, quasiment dans leur état d’origine (fort de type 1874). Durant le conflit, les forts de Reims, qui constituent des centres de résistance, sont malgré tout englobés dans les réseaux défensifs des deux belligérants, impliquant des travaux d’intégration (boyaux-rampestunnels d’accès, abris). Ce rôle associé à cette position les a exposés à un obusage important, générant des états de conservation variables à l’issue de la guerre. Aujourd’hui, leur situation patrimoniale fluctue grandement du fait de trajectoires morphologiques et fonctionnelles hétérogènes, entre utilisation pendant le conflit, puis désaffection (démantèlement pour la reconstruction, abandon, remblaiement) et reconversion (muséographie mémorielle et oenotouristique, stockages, réappropriation associative). L’amélioration de leur compréhension constitue un apport précieux au processus de patrimonialisation inhérent à tout territoire. Cependant, les archives historiques sont indigentes car soit détruites pendant les conflits mondiaux soit dispersées à la suite de remaniements administratifs. De même, ces fortifications ont globalement été délaissées par la recherche scientifique jusqu’aux années 90. Une analyse spatiale sous SIG permet ainsi de croiser ces archives lacunaires avec des données topographiques (LiDAR) et des prospections de terrain dans le but de dresser un diagnostic synthétique des multiples trajectoires des forts. Leur étude révèle un important potentiel de valorisation patrimoniale, par l’intermédiaire de vecteurs touristiques (tourisme de mémoire, œnotourisme), associatifs et écologiques (réservoirs de biodiversité).