La Faction de la Sierra. Un apprentissage du politique entre engagement et contrainte. Venezuela, 1858-1859 - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2023

La Facción de la Sierra. Un aprendizaje de lo político entre compromiso y coacción. Venezuela, 1858-1859

La Faction de la Sierra. Un apprentissage du politique entre engagement et contrainte. Venezuela, 1858-1859

Résumé

Portant sur le Venezuela rural du milieu du XIXème siècle, cet ouvrage (version remaniée de mon inédit d’HDR) a pour objet une faction armée qui se déploie dans plusieurs provinces du pays en 1858 et 1859, en réaction à la destitution du président en place, José Tadeo Monagas, classé dans le camp des libéraux. Cette Faction est menée par trois hommes qui prennent les armes, en mars 1858, pour dénoncer cette destitution. Si l’on s’en tient à l’historiographie très parcellaire et partiale sur et autour de cette Faction de la Sierra, on dispose d’une version finalement assez officielle et lisse des faits. Trois chefs présentés comme des bandits et qui se seraient mobilisés pendant près de 18 mois, seuls contre tous pour soutenir un président déchu. Mais encore ? Car sur ces trois hommes, on sait finalement peu de choses, pour le moins concernant ce moment précis que j’ai décidé d’appréhender comme un événement. Pourtant, deux d’entre eux sont connus pour leurs actions antérieures et/ou postérieurs, armées et politiques. Mais surtout, les cendres trois hommes ont été déposées au Panthéon national par décret présidentiel en 1897, faisant de ces insignes bandits et chefs d’une horde de brigands sanguinaires, rétifs à la civilisation, des héros de la cause fédérale et libérale, voire dans la postérité que cet événement a acquis sous le coup de la l’instrumentalisation politique opérée durant la présidence de Hugo Chavez. Il fallait donc faire la part des choses entre l’oubli total dont la Faction est l’objet et la postérité tronquée de ses trois chefs ; avec au milieu le silence assourdissant concernant les milliers d’hommes et de femmes qu’elle a mobilisé, de gré ou de force. Car pour mener à bien ce travail, je me suis pour l’essentiel appuyée sur une documentation exceptionnelle, à savoir deux dossiers judiciaires de plus de 1 000 folios consacrés à la traque de cette faction et de ses membres par les autorités de l’époque. Organisé en 5 chapitres, la problématique centrale de ce travail consiste en l’appréhension des dynamiques de mobilisation et d’engagement des populations rurales de la zone concernée par la faction, prises en étau entre la répression des autorités et la contrainte. En menant une réflexion sur les logiques partisanes et les pratiques politiques factionnelles telles qu’elles se déploient dans ces décennies postérieures aux indépendances, et dans le même temps sur les violences et le fonctionnement de la justice dans un Etat aux institutions embryonnaires, cette recherche vise ainsi à mettre lumière de quelle façon cette faction armée, déconnectée du parti dont elle se réclame, n’en contribue pas moins à une politisation du social et des acteurs qui en sont des membres plus ou moins consentants, et à une socialisation des idées politiques. Après un premier chapitre visant à définir cet objet et à dessiner les principales caractéristiques de cet « événement », j’amorce dans le chapitre 2 cette plongée au cœur de la Faction par une analyse de sa « réception » et appréhension par les différentes autorités en charge de la traque dès lors que le basculement dans l’opposition armée traduit une culture politique où la notion d’opposant politique n’existe pas ; on a le plus souvent que des ennemis à combattre, et d’autant plus férocement que la distance sociale entre les camps en présence est très ténue, pour le moins au niveau des chefs de file. C’est la raison pour laquelle la Faction de la Sierra, comme mouvement armé non dénué de violences, ne peut être dissocié du fonctionnement du politique à proprement parler. Au même titre que les pronunciamientos rédigés pour appuyer ce coup de force contre le pouvoir en place que nous analysons également dans ce chapitre 2. Cette tension participe de la détermination des autorités de rapidement mettre un terme à cette mobilisation factionnelle qui fragilise le nouveau pouvoir. Il faut pour ce faire lui donner un visage qui puisse servir de repoussoir afin d’éviter que la mobilisation ne prenne dans les campagnes où le potentiel de mobilisation est important. Ce visage est celui du banditisme et de la barbarie, de la rébellion sociale et non de la mobilisation politique. C’est pourtant un tout autre paysage que l’on découvre en plongeant dans les ressorts de cette mobilisation, en se mettant à l’écoute de la « parole des factieux », objet du 3ème chapitre. De ces hommes et de ces femmes qui ont jailli de l’archive, et qui ne sont pas à proprement parler des « sans noms » puisque ce sont plus de 600 personnes que l’on a pu nommément identifier. Par contre, ce sont des anonymes, des absents des chroniques et des livres d’histoire (nationale mais aussi régionale), dont on exalte souvent, surtout dans ces derniers, l’héroïsme et leur part dans la gloire de la province et de la nation et de ses luttes, mais dont rien n’est jamais dit concernant leur identité, leur quotidien, leurs misères, leurs fatigues, leurs gloires ou leurs bassesses. Une telle immersion rajoute de la complexité à la compréhension de ce phénomène dès lors que l’« audition » des factieux ou présumés tels, met en lumière des logiques de mobilisation où la contrainte n’est pas absente, pas plus que les stratégies d’évitement des suspects pour éviter que la justice ne s’abatte sur eux. C’est au point d’équilibre entre ces extrêmes que se trouvent les ressorts de la longévité de cette Faction de la Sierra dont les membres sont mobilisés durant des dizaines de mois, auxquels les chefs factieux donnent des armes et des munitions, bénéficiant de soutiens nombreux, symboliquement importants, et matériellement indispensables à sa survie. Dans les deux derniers chapitres enfin, je m’attache, d’une part, à décrypter les violences qui se déploient dans le cadre des actions menées par la Faction de la Sierra, qui traduisent tout à la fois les difficultés à évoluer dans un contexte de forte répression et de règlements de compte interpersonnels, mais aussi la fragilité des institutions à réguler cette même violence, leurs représentants y cédant parfois à leur tour (chapitre 4). D’autre part, à analyser la façon dont l’appareil judiciaire se met en marche pour empêcher les factieux de nuire, mais aussi pour ramener l’ordre social et la concorde, oscillant sans cesse entre la répression et la grâce (chapitre 5).

Domaines

Histoire
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Dates et versions

hal-04437606 , version 1 (04-02-2024)

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  • HAL Id : hal-04437606 , version 1

Citer

Véronique Hébrard. La Faction de la Sierra. Un apprentissage du politique entre engagement et contrainte. Venezuela, 1858-1859. Les Perséides, 1, pp.488, 2023, 978-2-37125-065-9. ⟨hal-04437606⟩
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