La formation et les premiers travaux de l’architecte russe Lydia Komarova sont le point de départ d’une étude qui interroge la place des femmes dans l’architecture dans le contexte de la Russie post-révolutionnaire et plus particulièrement du mouvement constructiviste. En fait, si les femmes artistes et architectes étaient minoritaires pendant cette période, certaines d’entre elles ont joué un rôle actif dans les mouvements pionniers. Komarova, après une brève formation artistique, a étudié l’architecture aux VKhUTEMAS, école supérieure d’art et d’enseignement technique de Moscou, où elle s’est inscrite en 1920. La qualité des projets de Komarova était remarquable et son projet de diplôme a été publié dans la revue constructiviste Architecture contemporaine (Sovremennaia Arkhitektura). Dans la même revue, elle cosigna, en 1929, avec Nikolai Krasil’nikov, un article qui peut être considéré comme l’un des textes les plus radicaux de cette période sur l’application des méthodes scientifiques à la conception architecturale. L’exemple de Komarova est étudié en rapport avec le rôle des femmes dans l’éducation artistique et architecturale en Russie pendant cette période, mais aussi avec l’idéologie des constructivistes et plus particulièrement avec leurs idées concernant les nouveaux modèles de société proposés, des modèles destinés à redéfinir le rôle des femmes dans le monde du futur, entre autres.