L’aménagement des parcelles, « Coeur d’Îlot », en centre ville de Guesnain a conduit la Communauté d’Agglomération du Douaisis/Direction de l’Archéologie Préventive (CAD-DAP) à réaliser des fouilles préventives prescrites par l'Etat. Le projet de construction s’étend sur une surface de 26 493 m². Le décapage a été réalisé en trois temps et 17 000 m² ont été ouverts au total. Les vestiges archéologiques mis en évidence se répartissent de manière cohérente dans l’espace, en trois grandes périodes chronologiques, la Protohistoire, l’époque gallo-romaine et le début du Haut Moyen-Âge. Des fossés, des silos et des poteaux témoignent d’une occupation du site dès la période du Hallstatt ancien mais aussi et surtout pour la transition Hallstatt final/Tène ancienne (Ve s. av. J.-C.). Une occupation organisée se dessine dès cette époque par le creusement de fossés dont l’orientation est figée jusqu’à La Tène finale (Ier s. av. J.-C.). Les fossés forment des enclos rectangulaires. C’est surtout à La Tène moyenne que les aménagements se succèdent et que l’occupation est la plus dense. Plusieurs bâtiments sur poteaux, des greniers et des bâtiments agricoles sont présents dans les grandes phases d’occupations avec un bâtiment d’habitation pour chacune d’entre elles. L’occupation gallo-romaine se révèle être dense et concentrée dans un espace central délimité par des fossés est/ouest et une grande palissade nord/sud. Cette occupation perdure jusqu’à la fin du IVe s. après J.-C. Elle est représentée par des fossés, des silos isolés ou en batterie (pour les IIIe/ IVe s.), des bâtiments de surfaces, des bâtiments rectangulaires excavés (IIIe/IVe s.), de petites et grandes fosses diverses et des ensembles de poteaux. Un dépôt d’un petit trésor d’antoniniani remontant à la décennie 260 a également été mis au jour. On notera la quantité de tuiles et de grès présents dans les comblements de la plupart des structures, notamment dans un puits, probablement maçonné. Les parcelles sondées pourraient se situer dans la pars rustica d’une grande villa construite sur l’emplacement d’un établissement agricole plus ancien. Un long mur est/ouest et deux bâtiments accolés à ce mur sont les témoins de l’existence de cette villa à plan axial. Trois phases d’occupation ont été mises en évidence par la céramique, une dans le courant du Ier s. après J.-C., une plus dense aux IIe-IIIe s. et une plus réduite aux IVe /Ve s. Les fossés semblent encore marquer l’emprise de l’occupation, de nature plus artisanale que domestique dans la partie centrale du site. Les deux derniers horizons marquent une transition avec l’apparition de fonds de cabane dès le Ve s. ap. J.-C., avant de se développer à l’époque mérovingienne, dans le courant du VI e s. jusqu’au milieu du VIIe s. Les structures, essentiellement des fosses, des silos et des bâtiments sur poteaux, se concentrent au nord (pour les fonds de cabanes), au centre (pour les fosses de stockage) à l’emplacement de structures gallo-romaines, à l’exception de deux bâtiments sur six poteaux, construits à l’extrême sud-est du terrain. La répartition des vestiges par période est assez cohérente pour définir une fréquence de l’occupation humaine sur plusieurs siècles à Guesnain. Ce projet en centre ville Coeur d’Ilôt a offert l’opportunité de compléter les données sur l’origine et l’évolution de l’habitat rural dans l’Ostrevent et plus largement dans le Nord de la France.