L’invisibilisation des AESH : un groupe professionnel dans l’ombre des enseignants ? - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2022

L’invisibilisation des AESH : un groupe professionnel dans l’ombre des enseignants ?

Résumé

Les accompagnant.e.s des élèves en situation de handicap (AESH) sont progressivement né.e.s de l’injonction socio-politique à la prise en charge non-ségrégative de ces enfants. En effet, afin de rendre concrètement possible « l’obligation éducative » pour tous, un nouveau personnel est créé : il doit aider les enfants présentant un handicap dans le cadre scolaire, c’est-à-dire les accompagner dans les apprentissages, la participation aux activités et l’accomplissement de certains gestes. « C’est quoi ça AESH ? » est une phrase encore entendue par le personnel. En plus d’être victime de représentations erronées et péjoratives, cette activité reste mal-connue malgré son institutionnalisation progressive depuis une vingtaine d’années. Cela participe notamment au manque de reconnaissance dont les AESH souffrent à plusieurs niveaux : statutaire, salariale et symbolique. Selon le « bilan social du ministère de l’Education Nationale » de 2020-2021, 92.4% des AESH sont des femmes et elles sont à 98% à temps partiel. Elles ont un salaire net moyen de 760 euros par mois et seulement 16% d’entre-elles sont en CDI. Mis à part ces quelques données, il existe peu de statistiques nationales et d’études sur ces travailleuses tandis que les chiffres foisonnent concernant les enseignants. Contrairement également à ces derniers, les AESH ne bénéficient pas encore d’une grande représentation politique. Par ailleurs, au sein même du travail, la non-reconnaissance des AESH passe par l’invisibilisation de leurs fonctions pédagogiques. En effet, selon les circulaires, l’AESH ne doit pas faire de la pédagogie puisque cette compétence est réservée aux professeurs. Or, en pratique, ce personnel en fait preuve. De plus, l’objectif même de l’AESH consiste à travailler pour disparaitre ou autrement dit accompagner pour que l’élève n’ait plus besoin d’aide. Plus encore, la « discrétion » est une des qualités attendues par les enseignants. L’AESH doit aider l’élève en situation de handicap sans perturber ni intervenir dans la classe. Cette invisibilisation, synonyme de « déqualification », de l’accompagnante ne serait-elle pas un moyen de justifier des bas salaires tout en maintenant une distinction avec les enseignants ? En prenant appui sur des entretiens avec des AESH et des professeurs ainsi que sur des observations réalisées en classe, cette communication entend expliquer les processus d’invisibilisation de l’activité d’AESH au profit des professeurs, processus accentué par la crise sanitaire. Dans une perspective de sociologie des groupes professionnels , il s’agira de comprendre les dynamiques de division du travail, de (dé)légitimation ainsi que les enjeux de délimitation des fonctions professionnelles qui ont trait aux personnels de l’école.

Domaines

Sociologie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04414468 , version 1 (24-01-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04414468 , version 1

Citer

Adélaïne Simonnet. L’invisibilisation des AESH : un groupe professionnel dans l’ombre des enseignants ?. 6e journée d'études des doctorant.e.s en sociologie des groupes professionnels, RT1 "Savoirs, travail et professions", Jun 2022, Université Paris Nanterre, France. ⟨hal-04414468⟩
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