La conjonction des chocs sanitaire, économique et géopolitique observés depuis plus de trois ans semble marquer l’entrée dans une nouvelle ère d’insécurité énergétique mondiale. Par rapport à l’année 2020, les cours du gaz naturel ont été multipliés par plus de 11 en Europe et ceux du pétrole par environ 2,5 au niveau mondial, soit des hausses comparables à celles observées lors du premier choc pétrolier de 1973-1974. Cet épisode historique, catalysé par une crise géopolitique majeure – la guerre du Kippour –, avait engendré une réaction des principaux pays consommateurs avec la création de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et des politiques nationales de modération énergétique. Il avait également contribué à transformer les politiques de sécurité énergétique en intégrant des mesures de diversification des approvisionnements et de substitution – programme électronucléaire, etc. –, puis progressivement les questions environnementales et sociales dans les années 1990-2000. La guerre en Ukraine marque une rupture puisqu’elle a mis en exergue la faible résilience des systèmes énergétiques, notamment européens, à un choc extérieur. Elle est venue rappeler que les énergies fossiles, qui représentent toujours plus de 80 % de l’énergie primaire consommée dans le monde, restaient l’une des pierres angulaires des relations internationales. Risque de pénurie de gaz, crainte d’un blackout électrique et appel général à la sobriété ont ainsi été les maîtres-mots d’une année 2022 marquée par de nombreux aléas géopolitiques – invasion de l’Ukraine, attentat contre le gazoduc Nord Stream –, énergétiques – choc des prix – et économiques – sanctions contre la Russie…