The new GEMDEV notebooks From the black Prometheus to unemployed graduate : societies, sciences and ideologies in post-colonial Guinea
Les Nouveaux cahiers du GEMDEV Du Prométhée noir au jeune diplômé sans emploi : sociétés, sciences et idéologies dans la Guinée post-coloniale
Résumé
"It was through science and technology that Europe colonizedand dominated the African people. It is therefore through science and technology that Africa will be able to free itself from colonial domina:on... We are going to bring the light of science right into the homes of peasants! This was the credo of the young Guinean state from the moment it gained independence in 1958 and throughout the period of its revolutionary regime (1958-1984). Education was seen as the most decisive sector for building "a new society" by training "a new man". What came to be known as the "cultural revolution" was marked by reforms initiated by the single party in 1959-1960 and pursued for more than three decades within the framework of a statist, centralized and planned system. These included the Africanization of education, the introduction of national languages in education, productive work in schools, and so on. The most far-reaching, yet liVle-known, aspect of these reforms was the primacy given to sciences -mathematics, physics, chemistry, biology, etc. -in the education system. But despite this positivist, all-conquering vision of science, the First Republic did not really succeed in "bringing the lights of science into the homes of peasants", and while Prometheus may have appropriated fire, the spark does not seem to have set fire to the plain! The 'Promethean' momentum of the revolution was brutally interrupted by the change of regime in 1984. The Promethean vision of science and technology was replaced by a more 'utilitarian' vision of the role of science: to train 'human capital' for the jobs offered by the market. Despite some results, which were more quantitative than qualitative, the vast majority of graduates from education and training institutions became "young unemployed graduates". Teachers and politicians are drawing aVention to the decline in "scientific vocations", but for more than a quarter of a century of the new education system, Guinean schools are still struggling to find quality and achieve their new objectives. In order to make progress and meet the challenges perceived and posed during these different stages, Guinean teachers and researchers, as well as political decision-makers, need to look at the interplay between world views, the realities of society, the market economy and scientific development, in order to make schools an innovative environment.
« C’est par la science et la technique que l’Europe a colonisé et dominé les peuples africains. C’est donc par la science et la technique que l’Afrique pourra se libérer de la domina:on coloniale... Nous allons amener les lumières de la science jusque dans la case du paysan ! ». Tels furent le credo du jeune État guinéen dès l’accession de la Guinée à l’indépendance en 1958 et durant toute la période du régime de sa révolution (1958-1984). L’éducation est alors considérée comme le secteur le plus décisif pour la construction d‘ « une société nouvelle » grâce à la formation d’«un homme nouveau». Ce qui sera dénommé par la suite « la révolution culturelle » est scandée par des réformes engagées par le parti unique dès les années 1959-1960 et poursuivies pendant plus de trois décennies dans le cadre d’un système étatiste, centralisé et planifié. Elles consistèrent notamment en l’africanisation de l’enseignement, l’introduction des langues nationales dans l’enseignement, le travail productif à l’école etc. L’aspect le plus profond, et pourtant le plus méconnu, de ces réformes fut le primat accordé aux sciences -mathématiques, physique, chimie, biologie etc. Mais, en dépit de cette vision positiviste et conquérante de la science, la première République ne parvint pas réellement à « amener les lumières de la science jusque dans la case des paysans », et si Prométhée s’est approprié du feu, l’étincelle ne semble pas avoir mis le feu à la plaine ! L’élan « prométhéen » de la révolution est brutalement interrompu par le changement de régime survenu en 1984. A la vision prométhéenne de la science et de la technique se substitue alors une vision plus « utilitariste » du rôle de la science : former le «capital humain » pour l’emploi offert par le marché. En dépit de quelques résultats, plus d’ordre quantitatifs que qualitatifs, les sortants des institutions d’enseignement et de formation se transforment massivement en « jeunes diplômés sans emploi ». Les enseignants et les politiques attirent l’attention sur le déclin des « vocations scientifiques », mais durant plus d’un quart de siècle du nouveau système éducatif, l’école guinéenne peine toujours à trouver la qualité et à atteindre ses nouveaux objectifs. Pour progresser et relever les défis perçus et posés durant ces différentes étapes, les enseignants et chercheurs guinéens ainsi que les décideurs politiques doivent nécessairement se pencher sur l’intrication entre conceptions du monde, réalités des sociétés, économie de marché et développement scientifique pour incruster l’école dans un milieu innovateur.
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