La découverte par des spéléologues d’une grotte sépulcrale datée la fin de l’âge du Bronze à Lano en Haute-Corse, a entrainé la mise en oeuvre d’une opération de fouilles d’urgence de 2015 à 2018. L’exploration particulièrement délicate compte tenu de la localisation du site à flanc de falaise a été menée durant 3 campagnes de fouilles. Elle a livré au moins trois concentrations d’ossements enchevêtrés qui constituent les restes incomplets de sept individus : deux sujets immatures pour cinq adultes ou subadultes. Ces vestiges osseux se conjuguent aux restes de deux coffres qui ont vraisemblablement servi de contenant aux ossements. Les études technologiques et tracéologiques conduites sur ces artefacts permettent de définir la chaine opératoire mise en oeuvre et l’emploi d’outils variés parfois très spécialisés, toujours bien adaptés au mode de débitage et de façonnage. Les artisans ont travaillé avec des outils diversifiés et performants souvent affutés pour trancher efficacement. Ces artisans avaient une connaissance parfaite du matériau qu’ils travaillaient frais, ce qui procure un excellent rendement de leurs outils, haches, herminettes, ou ciseaux droits. La panoplie des outils inventoriée tient plus de la menuiserie que de la charpenterie. Les ifs sélectionnés pour l’obtention des coffres sont des arbres de 200 à 250 ans d’âge, et d’environ 35 à 50 cm de diamètre. Le choix de l’if pour la fabrication de ces deux coffres est loin d’être anodin. Si les témoignages celtes qui associent l’if à la mort abondent, la découverte de Lanu, datée de 1200-1050 cal BC, fait remonter cette association à une période bien plus ancienne. Il faut insister sur l’état de conservation exceptionnel de ces vestiges qui s’explique entre autres par deux processus chimiques combinés : un cailloutis calcaire et les restes de microfaune ont complètement tamponné le milieu. Par ailleurs, la cavité a bénéficié d’une hygrométrie très basse avec un phénomène d’aérologie qui explique une si bonne préservation des matières organiques. Le gisement de Laninca cumule de nombreuses spécificités qui en font un site original. La présence d’éléments ligneux ouvragés confère à cette découverte un caractère absolument exceptionnel et témoigne de pratiques funéraires et artisanales totalement méconnues à l’âge du Bronze dans le bassin méditerranéen.