L’architecture des vers : réflexions autour de quelques notes poétiques dans un carnet de Joan Margarit
Résumé
Joan Margarit a souvent été considéré comme un architecte de la parole, du fait de sa
double condition d’architecte et de poète. Ses carnets de brouillons et de de notes, déposés
à la Bibliothèque Nationale d’Espagne, témoignent de l’important travail de réécriture
auquel il soumettait ses poèmes et sont ainsi révélateurs de son souci de la construction des
vers. Le présent travail s’intéresse particulièrement aux premiers tâtonnements du vers, à
l’écriture du premier jet, parfois très proche de l’expérience qui suscite la mise en mots, et
s’interroge sur la place que prend le vers dans le commencement de l’écriture. Le support
de cette réflexion sont quelques poèmes inédits que le poète catalan a esquissés dans un de
ses carnets lors des vacances de l’été 1993. Parfois, Margarit gribouillait de courtes notes,
qu’il développait ensuite dans un brouillon rédactionnel ; d’autres fois, le premier jet prenait
déjà, dans ses brouillons, une forme versifiée. L’analyse génétique de ces notes et brouillons
inédits vise à montrer comment il cherchait, dès le départ, une structuration précise de la
matière verbale dans laquelle la place du mètre doit être interrogée.