Should we Let the Material “Do what it Wants”?
Faut-il laisser le matériau « faire ce qu’il veut » ? Les gestes des artisans entre virtuosité et lâcher-prise
Résumé
The social group of craftsmen has been the subject of successive definitions that
reflect the power relations that prevail in this group and the expectations of public
authorities. While the entrepreneurial approach to craftsmanship has taken hold
in the legal definition, a sociologically coherent definition reveals the coexistence
of a variety of subgroups whose mode of production is artisanal. By comparing
two of them (building and creative craftsmen), I characterize the way in which
they subjectively apprehend the materials used and the technical results they try
to achieve. The first subgroup seeks to order material through an agonistic rela-
tionship to work, while the latter consider work as an inner experience associated
with a discovery of the possibilities offered by the materials.
Le groupe social des artisans a fait l’objet de définitions successives qui sont
le reflet des rapports de force ayant cours dans ce groupe et des attentes des
pouvoirs publics. Si l’approche entrepreneuriale de l’artisanat s’est imposée dans
la définition juridique, une définition sociologiquement cohérente dévoile la
coexistence d’une variété de sous-groupes qui partagent un mode de production
artisanal. En comparant deux d’entre eux (les hommes de métier du bâtiment et
les artisans créateurs), qui se différencient par leur origine sociale et leur capital
culturel, on caractérise la manière dont ils appréhendent subjectivement les
matériaux mis en œuvre et les résultats techniques qu’ils cherchent à atteindre.
Les premiers cherchent à ordonner la matière dans un rapport au travail de type
agonistique, alors que les seconds considèrent le travail comme une expérience
intérieure associée à une découverte des possibilités offertes par les matériaux.