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Rapport Année : 2023

Le génie végétal en berges pour transformer la ville : services écosystémiques, représentations des acteurs et biodiversité

Marylise Cottet
André Evette
Clémence Moreau
Anne Rivière-Honegger
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 931792

Résumé

La ville d’aujourd’hui est confrontée à des enjeux importants : la préservation du bien-être humain, la protection contre les risques et l’adaptation au changement climatique. Les écosystèmes, notamment riverains, jouent un rôle majeur pour relever ces défis à travers les services écosystémiques qu’ils sont susceptibles d’assurer : protection contre l’érosion, lutte contre les îlots de chaleur, préservation de la biodiversité, contribution à l’esthétique paysagère... C’est ainsi qu’a émergé une nouvelle approche pour aménager la ville, basée sur les solutions fondées sur la nature, qui protègent, gèrent de manière durable et restaurent les écosystèmes naturels et modifiés, pour relever directement les enjeux de société de manière efficace et adaptative tout en assurant le bien être humain et des avantages pour la biodiversité. Le génie végétal fait partie de ces solutions fondées sur la nature. Il consiste à utiliser des végétaux vivants dans des ouvrages d’ingénierie, par exemple pour la stabilisation des berges de cours d’eau contre l’érosion. Ces techniques font ainsi appel à l’utilisation d’arbres, arbustes et plantes herbacées et constituent une alternative au génie civil souvent constitué d’enrochements ou de murs. Elles offrent une diversité de services écosystémiques (support de biodiversité, corridor écologique, ombrage, dépollution, qualité esthétique…). Si aujourd'hui les avantages écologiques et sociaux de ces techniques par rapport aux méthodes de génie civil sont bien reconnus, leur utilisation, a fortiori en milieu urbain, demeure marginale. A la croisée de l’écologie et de la géographie sociale, le projet Géni-Eaux vise à identifier les freins et les leviers pour une utilisation plus large du génie végétal. Il comporte deux volets : 1. Déterminer les liens entre les services rendus par les ouvrages de génie végétal et les services perçus par les citadins et les acteurs de l’aménagement. 2. Etudier pourquoi et comment les acteurs de l’aménagement ont recours (ou non) au génie végétal, en considérant la gouvernance et les jeux d’acteurs, leur expertise, leurs représentations et leurs pratiques professionnelles. Les résultats du projet Géni-Eaux se déclinent en deux volets : d’une part, l’analyse de relevés écologiques conduits dans différents cours d’eau du Bassin du Rhône et des enquêtes quantitatives réalisés en ligne auprès du grand public ; d’autre part, l’analyse des entretiens semi-directifs conduits avec les professionnels de la filière. Les résultats des enquêtes et des relevés écologiques montrent qu’il existe des bénéfices variés sur les plans écologique (accroissement de la biodiversité, de la connectivité, de l’ombrage) et social (accroissement de la valeur esthétique et, dans une certaine mesure, récréative) et que ces bénéfices sont perçus tant par les acteurs de l’eau que par les habitants. Des réticences envers l’usage du génie végétal existent toutefois, notamment chez les personnes qui déclarent une faible expertise environnementale. Elles sont liées à un sentiment de vulnérabilité accrue en matière d’inondation ou à des critères esthétiques et d‘usage qui questionnent la gestion des ouvrages. Un besoin d’entretien de la végétation des berges et un maintien de l’accessibilité au cours d’eau, tant physique que visuel, est notamment souhaité. Nous avons conduit des entretiens semi-directifs avec 17 professionnels de la filière en Auvergne-Rhône-Alpes, travaillant dans le secteur de l’innovation, de la conception et de la planification, de la mise en œuvre et de l’entretien des ouvrages. L’analyse de ces entretiens montre que le passage du génie civil au génie végétal n’est pas qu’un simple changement technique, mais nécessite un changement de paradigme de gestion, c’est-à-dire de l’ensemble des hypothèses sur la nature du système à gérer, les objectifs de la gestion du système et les moyens de les atteindre. En distinguant les constantes (hors du contrôle du praticien) et les variables (sur lesquelles le praticien peut agir), le paradigme de gestion permet de poser un diagnostic et de proposer une action. Passer du génie civil au génie végétal, c’est passer du paradigme « prédire et contrôler » à une gestion adaptative, pour trois raisons. Premièrement, les techniques de génie végétal nécessitent une redéfinition de la performance des ouvrages, avec l’intégration des dimensions écologiques et sociales. Deuxièmement, l'adoption de ces techniques exige que les praticiens, les élus et les usagers reconsidèrent l’acceptation et le partage des risques. Troisièmement, les techniques demandent aux praticiens d'adopter une nouvelle posture, où l’humilité, l’audace et les échanges entre pairs sont centraux
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04379770 , version 1 (08-01-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04379770 , version 1

Citer

Marylise Cottet, André Evette, Adeline François, Clémence Moreau, Anne Rivière-Honegger, et al.. Le génie végétal en berges pour transformer la ville : services écosystémiques, représentations des acteurs et biodiversité. Agence de l’eau RMC; ZABR; UMR 5600 EVS; LESSEM. 2023, pp.1-105. ⟨hal-04379770⟩
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