Dans le cadre du symposium "La mémoire, le corps, l'enquête" du colloque GDR Mémoire, la présentation propose une réflexion sur la commémoration comme mise en (co)présence des corps pour faire mémoire. Ainsi, je me pose la question de savoir si commémorer, au sens de « se souvenir ensemble », ne consiste pas finalement à « faire corps », dans tous les sens du terme ? Après une brève élaboration théorique, je m’appuie pour répondre sur plusieurs observations de commémorations que j’ai réalisé dans le cadre de ma thèse sur les mémoires des tirailleurs africains. Je m’intéresse aux corps des individus venus commémorés les tirailleurs et à la cérémonie comme le temps d’une "corps-mémoration" collective. Suivant les performances et les attributs corporels des commémorants, les enjeux de la transmission de la mémoire, ici des tirailleurs africains, me semblent pouvoir être identifiés grâce à cette attention aux corps, vus comme des marqueurs de l'espace mémoriel. Ainsi, l'observation des corps en situation commémorative peut être une méthode pertinente pour saisir les spatialisations de la mémoire et les interactions entre mémoires individuelles et mémoires collectives.