« Négocier un désaccord » après l’Accord de Nouméa
Résumé
Plusieurs décennies après les premières mobilisations indépendantistes kanakes, après des périodes d’affrontements mortels suivies de politiques destinées à ramener la paix, les référendums sur l’autodétermination organisés entre 2018 et 2021 ont montré non seulement une défiance d’une majorité de non-Kanaks vis-à-vis de l’indépendance mais aussi, de la part de la plupart des partis pro français se réclamant pourtant des valeurs de la République, une volonté d’en revenir à des solutions différentialistes de cohabitation. Qu’est-ce qui explique la permanence de telles oppositions ethniques au sein de la société néo-calédonienne alors même que l’identification à de tels groupes n’est pas incontournable en contexte multiculturel ? Sont-ce ces oppositions qui font obstacle à une émancipation commune ? Cet article cherche à répondre à ces questions. il revient ainsi sur les rapports qu'entretiennent citoyenneté et identité (ethnique et/ou nationale) ou encore les citoyens entre eux; il interroge la diversité des formes d’appartenances à l’Etat et à la communauté nationale dans un contexte postcolonial multiethnique.