Les techniques d’analyse électroencéphalographiques (EEG) permettent aujourd’hui de mesurer l’activité électrique neuronale avec une certaine précision à partir de dispositifs peu chers et polyvalents. De nombreux artistes se sont appropriés ces technologies de mesure corticale en créant des oeuvres souvent basées sur l’imaginaire auquel elles sont associées. Cet article s’intéresse aux possibilités réelles et limitations de tels dispositifs dans un contexte de création visuelle et sonore. Nous y présentons le projet CAANEVA (Création Autonome par Analyse Neuronale d’Environnement Visuel et Auditif) à travers lequel nous avons essayé de mettre en oeuvre des boucles de rétroaction entre les perceptions cognitives d’un utilisateur et une création audiovisuelle à l’aide d’une interface cerveau-machine. La mesure de l’activité cérébrale est de façon générale assez complexe à analyser, toutefois il est possible de discriminer des états de concentration qui peuvent être associés à différents paramètres compositionnels. Au sein du projet, l’environnement sonore est directement synthétisé d’après les ondes corticales captées par différentes électrodes de contact, tandis que la synthèse visuelle est, pour sa part, pensée comme étant une représentation matricielle des composantes fréquentielles de ces même ondes. Le système, pensé à partir des interactions entre l’environnement audiovisuel et sa perception, s’auto-organise et laisse émerger un écosystème sonore et visuel.