Quand, où et comment choisit-on un endroit pour fonder une ville ? Quand est-ce qu’on la reconstruit et quand est-ce qu’on la quitte définitivement ? Les motivations environnementales et culturelles sont toujours complexes, mais nous essayerons dans cette présentation d’arriver à un scénario-modèle de fondation et d’abandon, valable au moins pour la Méditerranée orientale et la mer Noire, entre l’Antiquité et ce qu’on appelle, pour l’Occident, le Moyen Âge. À partir d’exemples de villes construites et abandonnées aux embouchures du Kouban, du Danube et de l’Hèbre (Maritsa), nous montrerons que les fondations et les abandons sont des processus complexes de longue durée : en effet, la résilience d’une fondation est prouvée pendant plusieurs générations, car les sites de villes antiques et médiévales que nous redécouvrons sont loin d’être les seuls à avoir été habités ; il sont, de fait, le résultat d’une sélection géo-historique qui a eu lieu pendant au moins deux-trois générations. De même, l’abandon n’est généralement ni immédiat ni dû à des catastrophes rapides (comme les tremblements de terre, les tsunamis ou les épidémies). Dû à des facteurs environnementaux qui agissent sur la longue durée, l’abandon advient généralement progressivement, quand la balance des bénéfices est inférieure à celles des risques, pour différentes catégories d’habitants. La résilience, quant à elle, est donc le résultat d’une adaptation plus ou moins réussie, mais toujours directement dépendante de la politique.