Mouvements féministes allemands et révolutions : des liaisons dangereuses - Archive ouverte HAL
Article Dans Une Revue Revue d’histoire du XIXe siècle Année : 2023

German Feminist Movements and Revolutions: Dangerous Liaisons

Mouvements féministes allemands et révolutions : des liaisons dangereuses

Résumé

This paper examines the interaction between the German middle-class and working-class feminist movements in the second half of the 19th century. It examines the relationship of German feminists to the revolution as the origin of the women’s movement, or as a means to transform society. Made up of a mix of attraction and rejection, the relationship between German feminists and revolution, or revolutionary ideologies, in the “long nineteenth century” was constrained by political, strategic and ideological factors. German women who had participated in the 1848-1849 revolutions faced a severe backlash, with laws that explicitly aimed to keep women out of the public sphere. In addition, the Anti-Socialist Law (1878) banned the Social-Democrat Party (SPD) and its ideas. In the face of these political constraints, the strategy of bourgeois feminists was to make a show of allegedly harmless activities. Most also kept a distance from working-class women’s associations, allowing a social gap to develop between them. The “radical” feminists, who were positioned halfway between the bourgeois women’s movement and the feminist wing of social democracy, did, nonetheless, pursue a social policy, and their leaders moved noticeably closer to socialism–although without joining the SPD–during the revolution of 1918-1919.
La présente contribution étudie les interactions entre les mouvements féministes bourgeois et ouvriers allemands de la seconde moitié du xixe siècle. Elle interroge les rapports des féministes allemandes avec la révolution, considérée comme origine du mouvement féministe ou comme moyen de transformer la société. Faites d’un mélange d’attirance et de rejet, les relations entre féministes allemandes et révolutions ou idéologies révolutionnaires lors du « long xixe siècle » étaient contraintes par des facteurs, politiques, stratégiques et idéologiques. Les Allemandes ayant participé aux révolutions 1848-1849 ont essuyé un sévère retour de bâton, avec l’adoption de lois qui visaient explicitement à tenir les femmes éloignées de la sphère publique. De plus, la loi d’exception contre la social-démocratie (1878) interdisait ce parti et ses idées. Face à ces contraintes politiques, la stratégie des féministes bourgeoises consistait à afficher le caractère prétendument inoffensif de leurs activités ; la plupart se tenaient également à l’écart des associations d’ouvrières, laissant un fossé se creuser entre les femmes de milieux différents. Les féministes « radicales », qui se situaient à mi-chemin entre le mouvement féministe bourgeois et l’aile féministe de la social-démocratie, ont cependant déployé une politique sociale et leurs leaders se sont sensiblement rapprochées du socialisme – sans toutefois s’encarter – lors de la révolution de 1918-1919.

Domaines

Histoire

Dates et versions

hal-04367072 , version 1 (29-12-2023)

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Citer

Anne-Laure Briatte. Mouvements féministes allemands et révolutions : des liaisons dangereuses. Revue d’histoire du XIXe siècle, 2023, 66, pp.71-87. ⟨10.4000/rh19.8934⟩. ⟨hal-04367072⟩
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