Psychanalyse et Gérontologie : une rencontre en partie manquée, une articulation théorique défaillante - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Psychoanalysis and Gerontology: a partially missed encounter, a failing theoretical articulation

Psychanalyse et Gérontologie : une rencontre en partie manquée, une articulation théorique défaillante

Résumé

The clinics of aging and old age constitute anomalies with regard to Freudian theory, notably because they question the relevance of the classic psychoanalytical paradigm (sexuality-inconsciousness-transference) in the presence of patients who give voice to a dynamic based more on the triptych narcissism-inconsciousness-transference. Taking into account this dual clinical approach and acknowledging Freudian processual logic requires us to revise our theory in 3 main directions : 1) By positing it as an inescapable experience, both in its positive and negative aspects, and as a representative of the living, ageing and old age remove the possibility of dismissing the notion of Self, as a structure distinct from the Ego, possessing a cognitive and affective side, present from the outset and not exclusively fed by the libido (but also by culturally and historically variable cultural, aesthetic and ethical values...). The Self is constituted throughout life on the basis of the subject's experiences (with the corresponding affective dispositions), varies in the degree and quality of integration of self-representations, and manifests itself regularly without any ambiguity as the feeling of continuity is summoned. The Self mainly contains ideal images of the self, ideal images of objects and representations of objects. The need for integrity and unity, as conceived by Erikson, is imposed on the Self by the effects of aging (due to the prospect of finitude). Many of the existential and psychopathological issues of old age stem from an inability to produce this coherence: feelings of lack of unity and meaning, incompleteness, confusion and unreality are present and, in the most marked cases, are organized in a picture reminiscent of the Winnicottian false-self and borderline states. In no case are the issues at stake solely sexual or infantile, nor can they be reduced to a reading based on these interests alone, any more than their functioning can be reduced to the ego alone to account for them. 2) Aging and old age give central importance to the idea of an evolution in psychic organization that progressively gives prevalence to the narcissistic lineage. Bereavements, losses, ruptures and transformations in bodily functioning, while not the prerogative of old age, are nonetheless a specific mark of it. This is largely complemented by a certain degree of social ageism, manifested at least in the trivialization of the segregationist tendency of which old age is the object (institutions, assigned symbolic places, etc.), which often limit or even block the capacity for psychic reorganization. Aging highlights the fact that the narcissistic organization is indeed the foundation on which the genital organization is built, which virtually disappears as a pole of conflict when the foundation is attacked. Oedipus then gives way to Narcissus: neurosis becomes actual because it focuses on adaptation, depression mobilizes the failing esteem of the Ego or Self, and the Ego Ideal takes on a central role as organizer... Old age allows us to consider both the articulation of the two lineages and the independence of development of one in relation to the other. 3) Finally, aging and old age remove all value from concepts that have become myths in psychoanalysis: in old age, the death drive is to be seen more as a state of disintegration due to a failure of narcissistic and cognitive connection (as in dementia), which has nothing to do with the drive at all. Similarly, beyond the recognition of the role of the Self, the topical perspective needs to be reconsidered: in view of ageing, reduction to a ternary register is a simplification.
Les cliniques du vieillissement et de la vieillesse constituent des anomalies au regard de la théorie freudienne, notamment parce qu'elles questionnent la pertinence du paradigme psychanalytique classique (sexualité-inconscient-transfert) en présence de patients donnant à entendre une dynamique reposant davantage sur le triptyque narcissisme-inconscient-transfert. Prendre en compte cette double clinique et acter la logique processuelle freudienne impose de réviser la théorie dans 3 principales directions. 1) Parce qu’ils le posent comme un éprouvé incontournable à la fois dans ses versants positifs et négatifs, le situent comme représentant du vivant, vieillissement et vieillesse retirent la possibilité d’écarter la notion de Self, de Soi, comme structure distincte du Moi, possédant un versant cognitif et affectif, présente dès l’origine et non exclusivement alimentée par la libido (mais aussi par les valeurs culturelles, esthétiques, éthiques culturellement et historiquement variables …). Le Soi se constitue tout au long de la vie sur la base des expériences du sujet (avec les dispositions affectives correspondantes), varie dans le degré et la qualité de l’intégration des représentations de soi-même, se manifeste régulièrement sans ambiguïté aucune alors que le sentiment de continuité est convoqué. Le Soi contient principalement des images idéales de soi, des images idéales des objets et des représentations des objets. Le besoin d’intégrité et d’unité, tel qu’Erikson (1968) l’a pensé, s’impose au Soi sous l’effet du vieillissement (en raison de la perspective de la finitude). Un grand nombre des enjeux existentiels et psychopathologiques de la vieillesse relève d’une situation d’incapacité à produire cette cohérence : sentiments de manque d’unité et de sens, d’incomplétude, de confusion, d’irréalité sont présents et, dans les cas les plus marqués, s’organisent dans un tableau qui n’est pas sans rappeler le faux-Self winnicottien et les états-limites (Rexand-Galais, 2019). En aucun cas, les enjeux ne sont que sexuels ou infantiles ni ne pourraient être réduits à une lecture fondée sur ces seuls intérêts, pas davantage que leurs fonctionnements ne peut être rabattu sur le seul Moi pour en rendre compte. 2)Vieillissement et vieillesse confèrent une importance centrale à l’idée d’une évolution de l’organisation psychique donnant progressivement une prévalence à la lignée narcissique. Les deuils, les pertes, les ruptures, les transformations subies du fonctionnement corporel, si elles ne sont pas l’apanage de la vieillesse, n’en sont pas moins une marque spécifique. Celle-ci est largement complétée par un certain degré d’âgisme social se manifestant au moins dans la banalisation de la tendance ségrégationniste dont la vieillesse est l’objet (institutions, places symboliques attribuées, etc.) qui viennent souvent limiter voire bloquer les capacités de réaménagement psychique. Le vieillissement met en exergue le fait que l’organisation narcissique est bien le socle sur lequel s’étaye l’organisation génitale qui disparaît quasiment comme pôle conflictuel lorsque l’étai est attaqué. Œdipe laisse alors la place à Narcisse : la névrose devient actuelle car centrée sur l’adaptation, la dépression mobilise l’estime défaillante du Moi ou du Soi, l’Idéal du Moi reprend un rôle central d’organisateur... La vieillesse permet de penser à la fois l’articulation des deux lignées mais aussi l’indépendance de développement de l’une par rapport à l’autre. 3)Vieillissement et vieillesse retirent enfin toute valeur à des concepts qui ressortent comme des mythes de la psychanalyse : à la considérer dans la vieillesse, la pulsion de mort est davantage à considérer comme un état de désintrication par échec de liaison narcissique et cognitif (à l’image de ce qui se joue dans le cas de la démence) qui n’a précisément rien de pulsionnel. De même, au-delà de la reconnaissance du rôle du Soi, la perspective topique s’avère à reconsidérer : au regard du vieillissement, la réduction à une registre ternaire s’avère une simplification.

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Dates et versions

hal-04364200 , version 1 (26-12-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04364200 , version 1

Citer

Franck Rexand-Galais. Psychanalyse et Gérontologie : une rencontre en partie manquée, une articulation théorique défaillante. Journée d’étude « Nouveaux regards sur la vieillesse » : « L’avancée en âge : entre fin et commencement ». 3 juin 2022, CLiPsy & ESO CNRS 6590 Espaces et sociétés, MRGT Germaine Tillon (Angers)., Rexand-Galais F.; Fromage B., Jun 2022, Angers (Maison de la Recherche Germaine Tillion), France. ⟨hal-04364200⟩

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