La présence des Goths en Crimée au début du Moyen-Âge est actuellement attestée en archéologie par leur costume féminin, connu d'après des découvertes funéraires. En effet, le habit féminin est un trait culturel très rigide dans les sociétés traditionnelles 'barbares' et sert de repère 'ethnographique', à l'exception, bien entendu, du costume 'princier' qui est plutôt un marqueur social. Dans les sociétés traditionnelles, il est très rare que les parures et les accessoires du costume féminin (à quelques exceptions près, comme par exemple les colliers de perles) deviennent un objet de commerce: ces costumes se déplacent d'habitude avec leurs porteuses. On peut d'ailleurs remarquer que les costumes ruraux européens perdurent cette tradition, même au XIX e siècle. Ainsi, les découverts d'éléments du costume de tradition germanique orientale (fibules en tôle d'argent ou digitées et grandes plaques-boucles à décor zoomorphe) sont depuis longtemps identifiées en Crimée comme appartenant aux Goths. Notre propos consiste ici à préciser les particularités de la civilisation matérielle de ces Goths selon les régions de la péninsule taurique. Les sites archéologiques contenant des objets de tradition germanique orientale sont attestés dans deux régions de Crimée: en Crimée orientale, sur le territoire de l'ancien royaume grec du Bosphore Cimmérien et dans la partie sud-ouest de la péninsule (Fig. 1B). Dans ces deux cas, la présence des Goths y est confirmée par des sources écrites.