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Article Dans Une Revue .able Année : 2023

petrification

pétrification

Résumé

Petrification is a process of transformation from cellulose to rock, making it possible to imagine a ceramic artifact with a simple shape, from paper, rope, cotton, wood, or cardboard. It consists of two stages: the infusion of a silica solution into the model, followed by atmospheric pyrolysis. During this firing, carbon, and silica fuse to form silicon carbide, a rigid and abrasive ceramic, technically comparable to that of a diamond. This project—developed by Emile De Visscher in collaboration with scientists from ESPCI (Jérôme Bibette), UPMC (Florence Babonneau), Chimie ParisTech (Philippe Barboux), ENSAD (SACRe, l’Université PSL), and Humboldt Universität (Cluster Matters of Activity) —combines experimental scientific development with research through design to imagine an innovative artisanal manufacturing process. At the heart of the project lies the question of the durability of our forms of knowledge, know-how, and heritage. Petrifaction, as a transmutation of organic matter toward the inorganic, from the vegetal to the mineral, perpetuates ephemeral forms destined to deterioration. At a time when the ecological crisis and capitalism are generating major declines in biological forms (disappearance of species and seed varieties), but also in practices (disappearance of traditional techniques), the question arises of how to keep track of our knowledge and fragile material forms. Beyond its formal technical principle, the process of petrifaction is symbolic in that it invokes a series of cultural contents rooted in many civilizations and regions of the world: in Greek mythology with Medusa, among the Celts with the dolmens, but also in Japanese, Papuan, and pre-Columbian traditions. Ubiquitous in the 18th and 19th centuries, both in connection with the practice of collecting fossils and the development of techniques for petrifying bodies, this process is still very much present in many current cultural forms, such as video games, science-fiction novels, and Hollywood films. This recurrence of petrifaction in the collective imagination refers to fundamental dualities shared between the fantasy of surviving death, the curse of stability, eternal life, or fear of apocalypse. The project thus unfolds as a speculative archaeological proposal, which stabilizes endangered elements for a distant future. The collaboration with Lucile Vareilles and Ophélie Maurus sought to account for this theoretical and historical dimension within the framework of the publication .able. The iconographic element of this project refers us directly to the question of the Anthropocene because it uses firing, certainly energy consuming, to sequester carbon in a land base instead of in the atmosphere. Rather than helplessly endure the relentless accumulation of fossil wastes, plastics, and reinforced concrete, the project explores the possibilities of a collective, and therefore political decision to populate the Anthropocene.
Pétrification est un procédé de transformation de cellulose en roche, permettant d’envisager un artisanat céramique à la mise en forme simple, à partir de papier, corde, coton, bois ou carton. Il se décline en deux étapes : l’infusion d’une solution de silice dans le modèle, suivie d’une pyrolyse sous atmosphère. Lors de cette cuisson, le carbone et la silice fusionnent pour former du carbure de silicium, une céramique rigide et abrasive, mécaniquement proche du diamant. Ce projet a été développé par Emile De Visscher, avec l’aide de nombreux scientifiques de l’ESPCI (Jérôme Bibette), l’UPMC (Florence Babonneau), Chimie ParisTech (Philippe Barboux) et l’EnsAD dans le cadre d’une thèse SACRe à l’université PSL, et se poursuit dans le Cluster d’excellence « Matters of Activity. Image Space Material » à l’Université Humboldt, à Berlin. Il associe un développement scientifique expérimental à une recherche par le design pour imaginer un procédé de fabrication artisanal innovant. Au cœur du projet réside la question de la pérennité de nos formes de savoirs, de savoir-faire et de notre héritage. La pétrification, comme transmutation de la matière organique vers l’inorganique, du végétal au minéral, pérennise des formes éphémères vouées à la dégradation. À l’heure où la crise écologique et le capitalisme génèrent des appauvrissements majeurs de formes biologiques (disparition des espèces et variétés de semences), mais aussi de pratiques (disparition de techniques traditionnelles), se pose la question de la manière dont garder trace de nos savoirs et formes matérielles fragiles. Au-delà de son principe technique pur, le procédé de pétrification est emblématique en ce qu’il invoque une série de contenus culturels ancrés dans de nombreuses civilisations et régions du monde : dans la mythologie grecque avec Méduse, chez les Celtes avec les dolmens, mais que l’on retrouve aussi dans les traditions japonaises, papoues ou précolombiennes. Omniprésent au XVIIIe et XIXe siècles, aussi bien avec la pratique de collection de fossiles que le développement de techniques de pétrification des corps, ce procédé est encore particulièrement présent dans de nombreuses formes culturelles actuelles telles que les jeux vidéo, les romans de science-fiction ou les films hollywoodiens. Cette récurrence de la pétrification dans l’imaginaire collectif renvoie à des dualités fondamentales partagées entre fantasme de survie à la mort, malédiction de stabilité, vie éternelle ou crainte d’apocalypse. Le projet se déploie ainsi en tant que proposition archéologique spéculative, qui stabilise des éléments en péril pour un futur lointain. La collaboration avec Lucile Vareilles et Ophélie Maurus a cherché à rendre compte de cette dimension spéculative et historique dans le cadre de la publication .able. La mise en image de ce projet nous renvoie directement à la question de l’Anthropocène, car il utilise une cuisson, certes énergivore, pour séquestrer le carbone dans la couche terrestre plutôt que dans l’atmosphère. Plutôt que de subir impuissant l’accumulation inéluctable de déchets fossiles, de plastiques et de béton armé, le projet introduit une exploration collective, et donc politique, de ce qui devrait et ne devrait pas se retrouver dans la couche anthropocénique.

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Identifiants

  • HAL Id : hal-04355063 , version 1

Citer

Emile de Visscher, Ophélie Maurus. pétrification : transmutations matérielles et archéologie spéculative. .able, 2023. ⟨hal-04355063⟩
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