Dire ou ne pas dire son nom en ligne : l'anonymat des journalistes à l’ère numérique
Résumé
The general theme of this paper is anonymity and online speech in the Japanese context. The digitization of the public sphere, which began two decades ago, has led to a growing demand for transparency and control over the circulation of discourse on the web. In this process, expectations of the traditional media as guarantors of reliable, verified information are being reinforced. Over the past few years, however, we've seen a growing number of accounts on social networks, and Twitter in particular, for people who identify themselves as journalists, but don't give their exact identity or the media outlet they work for. This assertive use of anonymity, however, contradicts the public nature of this professional activity, from which the media draw part of their legitimacy.
The aim of this paper is to reflect on this paradoxical situation and what it tells us about the transformations of the Japanese media world over the last twenty years. We will begin by proposing a qualitative and quantitative analysis of the accounts of identified anonymous journalists. Secondly, we will look at the reasons why these people choose to remain anonymous, while at the same time claiming to belong to the profession. The third part will be a reflection on the criticisms levelled at them, notably through the issue of online harassment.
The materials used (online ethnographic data analysis and semi-structured interviews with journalists, including anonymous account users) come from a field survey carried out in Japan during the summer of 2022.
Cette communication a pour thématique générale l’anonymat et la prise de parole en ligne dans le contexte japonais. La numérisation de l’espace public entamée depuis deux décennies entraine une demande croissante de transparence et de contrôle de la circulation des discours sur le web. Dans ce processus, les attentes à l’encontre des médias traditionnels comme garants d’une information fiable et vérifiée s’en retrouvent renforcées. Depuis quelques années, on observe toutefois sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, la présence d’un nombre de plus en plus important de comptes de personnes se présentant comme journaliste, mais sans indiquer précisément leur identité ni le média pour lequel elles travaillent. Ce recours assumé à l’anonymat entre pourtant en contradiction avec le caractère public qui entoure cette activité professionnelle et dont les médias tirent une partie de leur légitimité.
Le but de communication est de réfléchir à cette situation paradoxale et à ce qu’elle nous apprend des transformations du monde médiatique japonais depuis une vingtaine d’années. Nous commencerons par proposer une analyse qualitative et quantitative des comptes de journalistes anonymes identifiés. Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons aux raisons qui poussent ces personnes à faire le choix de l’anonymat tout en revendiquant leur appartenance à la profession. Le troisième temps consistera en une réflexion sur les critiques qui leur sont faites, notamment à travers la question du harcèlement en ligne.
Les matériaux utilisés (analyses de données ethnographiques en ligne et entretiens semi-directs avec des journalistes, y compris des utilisateurs de compte anonymes) proviennent d’une enquête de terrain réalisée au Japon au cours de l’été 2022.