¿Una espiritualidad aristocrática? Los comendadores de la orden del Hospital en los prioratos del Sur de Francia (c. 1250 - c. 1330) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2023

¿Una espiritualidad aristocrática? Los comendadores de la orden del Hospital en los prioratos del Sur de Francia (c. 1250 - c. 1330)

Résumé

Damien Carraz (Université de Toulouse 2), Une spiritualité aristocratique ? Le cas des Hospitaliers dans la Provence du XIIIe siècle Soucieux de nuancer l’image de guerriers et d’administrateurs associée aux ordres militaires, les historiens ont, depuis une trentaine d’années, multiplié les travaux sur la spiritualité ou religiosité des frères . Les pratiques pieuses et les dévotions ont pu être appréhendées de diverses manières. Règles et statuts ont permis de partir d’une perspective normative en déterminant les obligations religieuses et les dévotions caractéristiques des différentes communautés. D’autres types de sources, tels que les inventaires des ornamenta et autres sacralia, ainsi que les manuscrits liturgiques, ont plutôt orienté les chercheurs vers le culte des saints et des reliques. Cela a conduit à envisager la spiritualité comme ferment identitaire de tel ou tel ordre, ainsi qu’à préciser les interactions et influences réciproques entre les ordres militaires et les autres branches de la vita regularis, notamment Cîteaux et les ordres mendiants. Enfin, d’autres matériaux (aménagements funéraires, épigraphie…), croisés, là encore, avec les codifications internes aux ordres, ont autorisé l’étude des pratiques funéraires et commémoratives des frères. Or, comme le but même de la norme est de déterminer des comportements et des croyances attendus des frères au sein de chaque communauté, l’impression dominante risque de renvoyer à celle d’une religiosité uniformisée voire stéréotypée. Il en va de même des travaux sur les sanctoraux, sur l’hagiographie ou sur les reliques qui permettent d’appréhender des dévotions collectives, à l’échelle d’une maison religieuse voire de l’ensemble d’un diocèse. Par conséquent, la spiritualité des frères a très peu été abordée à l’échelle de l’individu, mise à part pour ce qui relève des coutumes funéraires – et encore ces dernières étaient-elles largement dictées par l’habitus propre à une communauté religieuse ou à un groupe social. On a postulé que les XIIe et XIIIe siècles avaient été marqués par l’affirmation de l’individu. L’individu serait né en partie d’un besoin de distinction au sein de la communauté, dans le cadre d’une société médiévale, elle-même, profondément holiste. Or, si l’on suit ce paradigme, peut-on considérer les pratiques et croyances comme le moyen, pour certains frères des ordres militaires, de se distinguer au sein de communautés religieuses fondées, au contraire, sur l’uniformité et le conformisme ? Afin d’explorer cette voie, je m’appuierai sur une démarche biographique dans la continuité de mes récents travaux. J’avais commencé par interroger les pratiques de distinction de quelques dignitaires de l’ordre de l’Hôpital à partir de la commande d’objets ou d’aménagements liturgiques . Une autre enquête, de plus longue haleine, s’est attachée à reconstituer tout un monde social – celui d’un chevalier provençal du XIIIe siècle – en retraçant la trajectoire d’un commandeur de l’Hôpital bien documenté pendant une soixantaine d’années . Je proposerai ici de repartir de ce personnage nommé Bérenger Monge pour voir, au-delà des normes imposées à tout membre de cet ordre, si ce frère s’est distingué par des actions ou une « mentalité religieuse » particulières. Il s’agira d’abord de montrer que cet acteur est représentatif à la fois de son milieu social d’origine et du groupe d’officiers intermédiaires de l’Hôpital – groupe comprenant les commandeurs, bayles, trésoriers… – à l’échelle d’un Midi français appréhendé sur un long XIIIe siècle. C’est, en effet, à la fois ce niveau social et ce moment historique que je souhaite cibler pour deux raisons principales. La première tient à la documentation : le niveau de base de la communauté hospitalière, à savoir le simple frère, ne peut être saisi dans cette dimension individuelle. Avant le XIIIe siècle, les commandeurs eux-mêmes – voire le niveau supérieur des prieurs – n’ont pas laissé non plus de traces suffisantes. En revanche, le tournant documentaire du XIIIe siècle permet, grâce à de nouvelles pratiques d’écriture (comptabilités, actes notariés, inventaires…), de percevoir enfin un certain nombre d’actions individuelles. En centrant l’analyse sur ce groupe intermédiaire au sein de l’ordre de l’Hôpital, j’assume de me placer au niveau moyen de l’élite sociale. Autrement dit, on s’intéressera moins ici à l’élite supérieure, celle des prieurs et autres dignitaires proches des maîtres, dont l’étude renverrait à d’autres enjeux… S’agissant de la chronologie, d’autres enjeux encore se profilent dès les années 1330, lorsque les transformations qui affectent le gouvernement et l’administration de l’Hôpital induisent de nouvelles relations sociales et spirituelles entre les frères . En repartant sur les traces de Bérenger Monge, la démarche permettra aussi d’interroger les limites de la biographie pour une approche de la religiosité d’un frère de l’Hôpital. En effet, nous nous rendrons compte assez vite que cette trajectoire individuelle, aussi correctement documentée soit-elle, ne permet pas de répondre à toutes nos interrogations. Des exemples pris dans un contexte social et géographique identique, c'est-à-dire le reste du prieuré de Saint-Gilles et le prieuré d’Auvergne, permettront de combler certaines lacunes. Dans un premier temps, à partir de la figure de Bérenger Monge et des réseaux de frères qui gravitèrent autour de lui, je m’attacherai à cerner le milieu social et institutionnel caractéristique de ces commandeurs. On s’interrogera sur le poids du déterminisme familial dans l’adhésion de ces élites moyennes au monachisme militaire. Pour achever cette présentation succincte des cadres sociologiques et institutionnels de la religiosité, j’envisagerai les maisons de l’Hôpital d’Aix et de Manosque, dont Bérenger Monge fut le commandeur, en tant que communautés religieuses encadrées par un personnel clérical. Nous pourrons, dans un second temps, aborder la figure du commandeur dans une posture qui fut, tout à la fois, celle du supérieur hiérarchique de la communauté et celle du père nourricier, un peu à la manière du monachisme traditionnel. Celui-ci, en effet, ne veille pas seulement à la discipline et au bon état matériel de la maison dont il est responsable. Il se doit encore de prodiguer des bienfaits d’ordre spirituels et de conserver la mémoire d’une communauté de frères incluant les vivants comme les défunts. Une autre figure, où le champ institutionnel se laisse mal distinguer du champ spirituel, est celle du commandeur bâtisseur voire, plus largement, du commanditaire d’objets liturgiques. Bérenger Monge s’est distingué par une activité intense de constructions, tant à Aix qu’à Manosque où il a notamment réaménagé la chapelle du palais hospitalier. Ces travaux, que l’on peut suivre grâce aux comptabilités de la commanderie, furent un moyen d’exalter le rayonnement spirituel de la maison de l’Hôpital et de souder la communauté régulière autour d’un culte identitaire dédié à saint Géraud et à saint Blaise. D’un point de vue liturgique, mais aussi des pratiques plus personnelles de piété, cette partie permettra d’envisager le rôle de certains aménagements liturgiques assez particuliers aux commanderies du Midi, comme les tribunes mettant en communication directe la chapelle conventuelle et la chambre du commandeur. Ces diverses manifestations de la religion permettent, certes, de dépasser les descriptions un peu sèches données par la règle et les statuts de l’ordre ou encore des listes de saints fêtés et de reliques qu’il n’est pas toujours facile de relier à une situation socio-religieuse précise. Toutefois, ces manifestations s’inscrivent d’abord dans une dimension institutionnelle et dans une logique propre aux relations au sein de la communauté : Bérenger Monge et les autres commandeurs ont d’abord accompli ces actions du fait de leur position hiérarchique. Restera donc à se demander si cet ensemble de pratiques, qui restent le plus souvent impossible à appréhender dans leur complexité, permettent vraiment de saisir une démarche personnelle ou un rapport individualisé à la religion ? En l’absence de testaments, que les frères n’étaient pas autorisés à dicter, les indices sont des plus tenus. Nous pourrons nous demander, par exemple, si certains frères ont possédé des livres de dévotion à usage privé. On pourra interroger encore l’attitude de certains de ces commandeurs face à la mort. Une comparaison avec le rang des prieurs, dont les coutumes funéraires restent encore à étudier, pourra aider à situer ce niveau des commandeurs au sein de la piété aristocratique. La spiritualité et les comportements de ces religieux de l’Hôpital étaient-ils si différents de ceux de leurs parents restés dans le siècle ? On l’aura compris, la démarche proposée ne cherchera pas tant à identifier une spiritualité qui participerait de l’identité de l’ordre de l’Hôpital ; elle visera plutôt à interroger les catégories sociales au prisme du religieux et à voir comment les pratiques pieuses ont permis de « faire communauté ».
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04339154 , version 1 (12-12-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04339154 , version 1

Citer

Damien Carraz. ¿Una espiritualidad aristocrática? Los comendadores de la orden del Hospital en los prioratos del Sur de Francia (c. 1250 - c. 1330). Milites Dei. Las órdenes militares: Encaje social y manifestaciones religiosas, XLVIII semana internacional de estudios medievales (Estella-Lizarra, 19/22 julio 2022, Gobierno de Navarra, pp.71-97, 2023. ⟨hal-04339154⟩
17 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More