A une époque de forte rivalité scientifique et d’ardente concurrence diplomatique entre les autorités française et britannique installées au Caire en cette seconde moitié du XIXe siècle, ce sont paradoxalement ses premiers succès scientifiques dans le Caucase qui ont valu à Jacques de Morgan (fig. 1) d’être nommé Directeur Général du Service des Antiquités de l’Égypte en février 1892 dans des circonstances qui nous paraissent rocambolesques aujourd’hui.Morgan jouit déjà à trente-cinq ans d’une très bonne réputation de chercheur et de chef d’équipe, en raison notamment de l’exposition au musée Guimet, au cours de l’hiver 1891-1892, de ses trouvailles spectaculaires dans les nécropoles d’Arménie et du Lenkôran russe ainsi que des premières publications qu’il en a faites. A l'occasion des cent-cinquante ans de la naissance de l'archéologue, il apparaît approprié d'évoquer sa mémoire et l'ampleur de ses travaux en Egypte, très évocateurs d'une personnalité scientifique que l'on redécouvre depuis plusieurs années.