Thoreau ou l’écologie politique après la vertu
Résumé
Cette intervention propose une réflexion sur la réception de Thoreau au sein de la pensée écologique. Il faut plutôt parler des réceptions car elles sont multiples, donnant à entendre des voix de Thoreau différentes, voire contradictoires. Elle repart plus précisément de l’interprétation qui semble dominer dans le champ précis des éthiques environnementales de langue anglaise. Celle-ci consiste à faire de Thoreau un représentant des éthiques des vertus environnementales. Après avoir souligné les difficultés que cela soulève, elle décrit comment le détour par les Anciens pouvait inviter, dans le sillage des travaux d’Alasdair McIntyre, à donner un accent plus politique à cette voix des vertus qui oscille alors entre éco-républicanisme et éco-conservatisme. Et, enfin, parce que ce conservatisme semble en définitive recouvrir plus qu’exprimer la voix de Thoreau, cette communication se tourne finalement vers la réinterprétation démocratique du perfectionnisme initiée par Stanley Cavell et prolongée par Sandra Laugier et Albert Ogien. Trois voix de Thoreau qui ont un écho dans la pensée écologique seront donc successivement examinées : une voix éthique, celle des vertus environnementales, une voix politique entre éco-républicanisme et éco-conservatisme et enfin une voix perfectionniste.