La thèse analyse le développement de l’un des concepts fondateurs de l’Europe, celui d’unité dans la diversité, au travers des thématiques éducatives et intégratives. Celles-ci revêtent une importance centrale dans la construction d’une identité d’Europe multi-nations et multiculturelle, en particulier en raison d’un élargissement important et d'une intégration d’un degré unique parmi les constructions d’entités politiques et économiques dans le monde. L’édifice européen regroupe à l’heure actuelle une trentaine de pays et plus d’un demi-milliard d’habitants. Une construction initialement économique se transforme en un édifice politique sans cesse plus complexe qui induit une symbolique différente et requiert, en partie après le tournant de la globalisation et de la redistribution géopolitique post-Guerre froide, de nouvelles exigences en matière d’intégration et de cohésion, que ce soit dans les domaines politique et économique, mais aussi législatif, social, éducatif, avec une portée identitaire et culturelle qui n’était pas présente, en tout cas de manière particulièrement explicite et nécessairement idéologique, à l'origine de la structure européenne. La dimension multiculturelle de l'Europe en ce début de 21ème s. revêt une importance croissante, et l'apparition de nouveaux challenges induit de nouvelles tensions, qui accentuent et actualisent une nouvelle réflexion sur la construction et sur l'expérience européennes. Face à une diversité culturelle grandissante, causée par l'intensification de la globalisation, et notamment par l'accroissement des flux migratoires, les questions traitant de l'identité nationale et du multiculturalisme, mettant parfois ces deux concepts en opposition, voire à l'épreuve, sont devenues souvent des sujets de l'actualité politique et sociale, ainsi que des débats qui revêtent parfois un caractère national. Dans une société en mutation et un monde en crise où les confrontations et les contradictions semblent aller croissant, diverses questions, oscillant entre expansion économique et unité politique, et renvoyant à des interrogations d'ordre social et culturel sur l'identité, le multilinguisme et le multiculturalisme, se trouvent ainsi enchevêtrées au point de soulever, dans une certaine mesure, celles du devenir et du vivre ensemble. En guise d’exemple, le cas du Luxembourg, siège d'institutions européennes, mais également un pays trilingue et multiculturel d’environ 650.000 habitants, avec une population étrangère en forte croissance qui dépasse les 45%, sera examiné sous un angle pratique dans les aspects relatifs à la politique éducative et à la pratique linguistique d'un pays multiculturel. Le Luxembourg est souvent présenté comme un modèle européen d’intégration culturelle et linguistique, qui a su préserver sa particularité dans la diversité nationale et européenne. Une analyse critique permettra de dégager les points forts et les problèmes inhérents à un système éducatif, intégratif et linguistique complexe, et à une existence sociétale multiculturelle dans une Europe en évolution et un monde en tension et en mutation.