Le sénateur se devait d’incarner l’idéal civique et les Romains attendaient de son comportement qu’il se calque sur les mores et soit un modèle pour ses concitoyens. Les guerres civiles ont soumis à rude épreuve le Sénat, divisé, dominé, proscrit et les systèmes de références des Romains et des sénateurs eux-mêmes en ont été bouleversés. Les critiques, corollaire de l’exigeante nécessité de ce modèle n’ont jamais été aussi vives. Au centre de tout, se trouve la question du recrutement en raison de l’amplification césarienne et triumvirale : on reproche aux nouveaux sénateurs leur indignité sociale et par là même le fait qu’ils contribuent à abaisser le niveau de l’assemblée et la dégrader aux yeux de tous. Cependant, le reproche le plus grave adressé aux sénateurs est d'avoir été les auteurs initiaux de la guerre civile puis de l'avoir nourrie par sa servilité envers les puissants. Il faut ajouter à cela que le rôle du sénateur a rarement été aussi complexe. Face à ces pressions et à ces exigences les sénateurs n’ont pas tous modelé leur comportement selon les mêmes critères et l’on peut dégager plusieurs lignes de conduites allant du refus sans concession à l’acceptation la plus complète d’un pouvoir magistral de plus en plus autonome et agressif. La tâche d’Octavien au sortir de la guerre consista à redéfinir la place éminente du sénateur, sans laquelle son pouvoir ne pouvait trouver une stable légitimité.