Résumé Alors que l’influence des espaces d’apprentissage sur le bien-être ou la réussite des élèves est de plus en plus connue et analysée (voir notamment : Barrett, Peter, et al., 2015), il semble incontournable de favoriser leur appropriation par les enseignants. Ces espaces relèvent tout à la fois des salles de classe dans lesquelles sont mises en œuvre les situations d’enseignement / apprentissage, des établissements scolaires dans leur ensemble et, plus largement, des lieux informels dans lesquels les élèves construisent des savoirs avec ou sans leurs professeurs. Dans la mesure où depuis la réforme mise en œuvre en 2020-2022, la formation initiale des enseignants est fondée sur des modules « articulant théorie et pratique autour d’expériences en milieu professionnel » et que ces celles-ci supposent, selon nous, de maîtriser les espaces dans lesquelles elles prennent place, il nous semble important de nous demander d’une part comment la formation universitaire dispensée dans les INSPÉ prend en charge ce type d’enjeux et d’autre part d’affiner les cadres ou les outils qui permettent d’accomplir cette mission. Notre communication a souhaité y contribuer en cherchant à identifier la manière dont la formation aborde la question spatiale et en essayant de saisir plus précisément, celle dont les candidats au professorat acquièrent les compétences spatiales nécessaires à l’exercice de leur métier. Ce faisant, nous avons évoqué les outils mobilisables pour y parvenir. Nous nous sommes appuyés sur une réflexion exploratoire menée dans le cadre du laboratoire ÉMA (École, Mutations, Apprentissage) et, plus particulièrement, du projet ApprEs (Apprentissages et Espaces). Nous avons examiné les maquettes et certains documents institutionnels, ainsi qu’une gamme de documents produits par les étudiants stagiaires dans le cadre de leur formation (de séquences notamment). Ce faisant et en nous intéressant ici à la situation de l’INSPÉ de l’académie de Versailles, nous avons restitué le point de vue d’étudiants et de professionnels de l’INSPÉ (questionnaire et/ou entretiens) sur la façon dont la formation pluridisciplinaire accompagne le développement de ces compétences socio-spatiales attachées à la fonction d’enseignant. La structure tubulaire des maquettes a longtemps limité les possibilités d’un travail efficace sur ces questions et la mise en œuvre de nouvelles organisations, dans le cadre de la réforme, n’a pas encore permis de travailler suffisamment sur la dimension spatiale des apprentissages (sans doute parce que la place accordée à cette compétence apparait limitée au regard des exigences de l’employeur au-delà de son association aux questions liées à la sécurité affective et physique des enfants) . Cependant, le développement des entrées transversales reste susceptible d’offrir des d’opportunités pour une telle formation : la maîtrise des compétences socio-spatiales, qui n’est prise en charge que de façon limitée par l’institution, constitue un enjeu très actuel du fait de la Covid-19. En outre, les finalités des séquences construites collectivement par les étudiants sont souvent définies toutes choses égales par ailleurs : les attributs de l’espace de la salle de classe sont rarement intégrés dans la réflexion puisqu’il est en général envisagé comme le cadre, neutre, des activités ; le caractère partageable des séquences entre les membres d’un groupe repose, en effet, sur son isotropie mais la mise en œuvre est ensuite différente. Les temps de réflexivité des stagiaires favorisent néanmoins des échanges permettant de faire état des difficultés rencontrées - ou possibles - dans la gestion de l’espace-classe lors de la mise en œuvre des séquences. Des pistes existent aussi pour intégrer, plus en avant, la réflexion sur l’espace dans la formation des futurs professeurs et renforcer, ce faisant, l’articulation entre théorie et pratique. En s’appuyant sur des recherches pluridisciplinaires, développer la compréhension de ce qu’implique le fait d’habiter un espace d’apprentissage et faire acquérir des compétences en micro-géographie des espaces d’apprentissage semblent ainsi pertinents. Références bibliographiques BARRETT, Peter, et al. (2015). « The impact of classroom design on pupils learning: final result of a holistic, multi-level analysis ». Building and environment, 89, p. 118-133. CLERC, Pascal. (2020). « Habiter l’école ». Carnets de géographes [En ligne], 14 | 2020, mis en ligne le 01 décembre 2020, URL : http://journals.openedition.org/cdg/5918 HALL, Edward T. (1966). La dimension cachée. Paris, Seuil, coll. Points, 254 p. LABINAL, Guilhem et MENDIBIL, Didier (2021). « Structures et proxémie dans la classe », Géoconfluences, URL : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/geographie-espaces-scolaires/geographie-de-l-ecole/structures-et-proxemie-dans-la-classe/